The Many Saints of Newark
Près de quinze ans après un étonnant final en suspens qui aura fait couler beaucoup d’encre, The Sopranos, véritable graal télévisé mêlant considérations mafieuses et dimension psychanalytique, s’offre un film-prequel qui remonte aux origines de sa mythologie et donc à la jeunesse de Tony Soprano. Situant son action à la charnière des années 60 et 70, The Many Saints of Newark tente d’inscrire de multiples destinées individuelles dans un contexte historique foisonnant (guerre du Vietnam, émeutes raciales…) sur fond de guerre des gangs. Un peu écrasé par le poids de son ambition et celui de la série culte qui l’a précédé, le résultat, imparfait mais néanmoins terriblement attachant, manque parfois de liant et ne renoue que ponctuellement avec les fulgurances dialoguées de David Chase. Son écriture très sérielle, et toujours soucieuse de faire plaisir aux fans de la première heure, semble peu adaptée au format filmique. Pourtant le charme opère. Tout comme la fascination qu’il y a à assister à la naissance des failles, des obsessions et des névroses d’un grand dépressif en devenir, Moloch éminemment complexe, détestable et bouleversant à la fois. Mais la géniale idée de l’entreprise tient surtout à la présence de Michael Gandolfini, le propre fils du regretté James Gandolfini, dans le rôle de Tony. Le trouble qui émane de son visage à la fin du film, tandis que résonne le Woke Up This Morning d’Alabama 3 (la chanson du générique de la série), donne en tout cas carrément des frissons.
D’Alan Taylor. Avec Alessandro Nivola, Vera Farmiga, Michael Gandolfini. 2 h. Dist: Warner.
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