Terre historique d’accueil des bédéistes
Ce n’est ni un secret ni une nouveauté (on ne parle pas mondialement de la BD dite « franco-belge » pour rien): la Belgique est le pays qui compte le plus d’auteurs français sur son territoire en dehors de la France. Une concentration hors norme qui s’explique évidemment par l’Histoire même de la bande dessinée au XXe siècle (de Hergé au Journal de Spirou) et par la manière dont elle fait partie, plus qu’ailleurs, de la culture nationale, avec un maillage inégalé d’éditeurs, d’imprimeurs, d’ateliers collectifs et surtout d’écoles réputées, abordables ou spécialisées dans le médium, telles les Écoles supérieures des Arts Saint-Luc à Liège ou Bruxelles.
Si le Strasbourgeois Jacques Martin ( Alix) et le Nantais Jean Graton ( Michel Vaillant) n’eurent pas besoin à leur époque de la case « école » pour s’exiler en Belgique, c’est devenu le passage presque obligé des auteurs des nouvelles générations, qui décident souvent de rester quelques années voire toute la vie. Ainsi, Abdel de Bruxelles est arrivé de Narbonne à l’âge de 20 ans pour rejoindre l’atelier d’illustration à l’Erg et n’est jamais reparti (ça fait 30 ans). » Il a même fallu que je vienne à Bruxelles pour qu’on me voie comme un Français! »
À Bruxelles depuis treize ans, Émilie Plateau a débarqué avec son diplôme des Beaux-Arts de Montpellier sous le bras, » parce que beaucoup d’anciens y avaient déménagé avant moi et m’avaient dit que c’était plus simple de démarrer dans un domaine artistique« . Elle y a ensuite découvert, cliché flatteur, » une douceur de vivre, une bienveillance et une facilité à monter des projets » qui aujourd’hui encore lui donne l’envie de rester.
Tous les deux ont en tout cas demandé et obtenu leur carte d’électeur- les Français hors de France doivent s’inscrire pour avoir le droit de voter. Dans un milieu artistique plutôt porté vers le progressisme et les idéaux de gauche, la campagne de l’élection présidentielle et ses perspectives leur semblent en tout cas » affligeantes » ou » extrêmement inquiétantes« , mais pas encore au point de les intéresser vraiment à la politique belge: » Elle reste pour moi très énigmatique« , avoue Émilie.
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