So Long Marianne – Marianne Faithfull, fleur d’âme
C’est l’histoire improbable d’une jolie fille de 17 ans mal fringuée et fraîchement sortie d’un pensionnat catholique, repérée à une soirée par Andrew Loog Oldham, le manager des Rolling Stones. Celle d’une gamine, fille d’espions britanniques, née à Londres au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et devenue l’une des égéries des sixties… » Quand je travaille avec elle, je me rends compte à quel point c’est un condensé de l’Histoire du rock qui m’a accompagné ces 50 dernières années » , dit d’elle le batteur et producteur Rob Ellis. L’inusable Marianne Faithfull, 71 printemps, est aussi une survivante. Une miraculée de la vie. Une rescapée de l’excès.
Après s’être intéressée de près à Jacques Higelin qu’elle connaissait bien (elle a même chanté sur un de ses disques) à travers le documentaire Ce que le temps a donné à l’homme, l’actrice Sandrine Bonnaire se penche cette fois sur un mythe décadent des années 60 et du Swinging London. Son addiction aux drogues, Le Festin nu de Burroughs qu’elle a lu et dont elle a fait un projet de vie, ses années dans la rue, fauchée et se shootant à l’héroïne, la célèbre descente de flics chez Keith Richards, la mise à l’écart et la mort de Brian Jones, sa relation avec Mick Jagger, pour lequel elle dit avoir tout abandonné, jusqu’à son intelligence et sa vision du monde… Faithfull se confie. Et évoque même des choses dont elle n’a pas envie de parler. L’autodestruction, la désintoxication.
L’un ou l’autre, comme Ed Harcourt, vient apporter son petit grain de sel. Mais Fleur d’âme, entre les images d’archives, les extraits de films d’hier et de concerts d’aujourd’hui, c’est avant tout Faithfull par Faithfull devant l’objectif de Bonnaire. Un docu dans les volutes de cigarettes. Sans génie esthétique particulier, mais avec les faveurs de l’intime. Un film au sujet de l’artiste plus que de son oeuvre. » Je me suis dit: ce sera mon dernier disque, commente-t-elle au sujet de Broken English. Après, je mourrai. Mais avant de mourir, je dois montrer qui je suis et ce que j’ai dans le ventre. Je ne suis ni une victime ni une gamine écervelée. Je suis Marianne Faithfull et voilà ce que je vaux… » C’était il y a 39 ans.
Documentaire de Sandrine Bonnaire.
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