Le nouvel opéra comic – Le dessinateur Alex Alice dépoussière Wagner pour nous offrir une version graphique très personnelle de l’Anneau du Nibelung.
D’ Alex Alice, Éditions Dargaud.
Dessinateur remarqué du Troisième testament, Alex Alice a relevé le défi de mettre en images l’Anneau du Nibelung, le colossal opéra de Richard Wagner qui plante profondément ses racines dans la mythologie nordique. » La genèse de ce projet est lointaine, se souvient Alex Alice. Mon père a tenté de m’initier à l’opéra très jeune. Si ce qu’il m’expliquait me passionnait, cela ne m’empêchait pas de m’endormir devant la télévision, quand on diffusait un opéra. Les personnages me paraissaient tellement grandiloquents et éloignés de mon quotidien. C’est finalement en passant par Tolkien que j’ai appris à apprécier ces univers fantastiques. En entamant Siegfried , et en relisant les livrets de Richard Wagner, j’ai pourtant voulu revenir à l’origine de l’histoire, retrouver la tradition du conte. Ce qui m’apparaissait austère quand j’étais enfant me semble beaucoup plus accessible maintenant que je suis adulte. »
Si le premier tome de Siegfried restait dans l’esprit wagnérien, le dessinateur s’autorise plus de liberté dans La Walkyrie, un deuxième opus qui prend parfois des allures potaches. Ainsi, à plusieurs reprises, Siegfried et Mime (qui s’occupe du jeune homme depuis la mort de ses parents) proposent un numéro de duettistes que n’auraient pas renié Laurel et Hardy. L’image sérieuse de Wagner en prend un coup. » Même s’il peut paraitre austère au novice, il y a du comique dans l’opéra de Wagner, se défend Alex Alice. Le personnage de Mime se prête particulièrement bien à l’humour. Dans cet album, j’ai voulu surfer sur toute la gamme des émotions: du tragique au comique. J’ai laissé beaucoup de liberté aux personnages pour exprimer leur caractère. Mais je ne pense pas que le fait de vivre aux Etats-Unis ait influencé ma vision des choses. Dans le cas de Siegfried , j’ai quand même trouvé une partie de mon inspiration chez des peintres américains du 19e siècle. A New York, j’ai la chance d’habiter à quelques rues de l’Hudson River School Museum qui expose les toiles de peintres naturalistes du siècle dernier. Leurs tableaux représentent la vallée de l’Hudson River et ses alentours, mais aussi les Catskill Mountains, les Adirondacks et les montagnes Blanches. Ce sont des toiles gigantesques que vous pouvez contempler et copier à loisir en profitant des nombreuses chaises que le musée met à votre disposition. J’ai largement puisé dans ces toiles pour imaginer les paysages de mon histoire. »
Un troisième et dernier album redouté
Le dénouement de l’histoire devrait revenir aux fondamentaux du mythe wagnérien, une apothéose où le bien ne peut l’emporter qu’en se perdant dans un inéducable sacrifice.
» Le troisième album est un véritable challenge. Clé de voûte de la trilogie, il est l’aboutissement de toutes les énigmes proposées dans les premiers volumes. Plus difficile que l’intrigue, le dessin va y prendre une place capitale. J’appréhende, par exemple, de dessiner le combat entre Siegfried et le dragon Fafnir. Comment rendre cette lutte épique, comment donner à cet affrontement le côté grandiose qu’il mérite. Ce genre d’affrontement a déjà été représenté des milliers de fois. Comment vais-je arriver à me différencier? Ce sont des questions auxquelles je n’ai pas encore trouvé de réponse. Et il me reste moins d’un an pour relever ce dernier défi. C’est dire si j’appréhende, un peu, le retour derrière la table à dessin. »
Vincent Genot
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