Encore un casting prestigieux pour Apple TV+ et cette étonnante visite des bas-fonds du MI5, au beau milieu des ratés des services secrets de Sa Majesté. Addictif.
Lorsqu’on mentionne le MI5, on pense à James Bond, à Q et à quelques jeunes femmes longilignes fendant les vagues seulement vêtues d’un bikini. Mais le MI5, ce sont également des travailleurs de l’ombre. Peut-être même des ténèbres: ces Slow Horses, transférés dans les lugubres locaux de Slough House, ont tous commis des erreurs lorsqu’ils dépendaient encore de la sacro-sainte maison-mère de Regent’s Park. Certains ont échoué à stopper un terroriste avant qu’il ne se fasse exploser, d’autres ont lancé une blague douteuse impliquant une supérieure et l’État Islamique.
Slough House, c’est aussi le nom de la série de romans d’espionnage à succès écrite par Mick Herron ( La Maison des tocards en français) et dont Slow Horses est l’adaptation. Comme dans le livre, la mauvaise troupe est dirigée par Jackson Lamb (excellent Gary Oldman), un vieux de la vieille imbuvable, dont personne ne sait ce qu’il a bien pu faire pour se retrouver là. Car c’est un peu comme en prison: chacun demande à l’autre ce qu’il a fait pour se retrouver dans cet affreux immeuble. Certains n’en ont d’ailleurs aucune idée.
Quoiqu’il en soit, ils passent leurs journées à ne pas faire grand-chose. Et surtout, rien d’important, Diana Taverner (Kristin Scott Thomas, glaciale à souhait) et les pontes du MI5 ne leur laissant que les miettes d’affaires déjà classées. Alors, quand apparaît une piste susceptible de permettre à nos espions placardisés d’accrocher à nouveau le bon wagon, ces derniers sautent sur l’occasion.
Bande de losers
Adaptée en série par Will Smith (non, pas l’auteur de LA gifle), Slow Horses déroule une intrigue dont le noeud principal est parfois complexe (un groupuscule d’extrême droite kidnappe un jeune étudiant d’origine pakistanaise, un agent du MI5 est impliqué), et on ne nous épargne pas quelques invraisemblances. Pourtant, on en redemande.
Slow Horses se présente comme un thriller d’espionnage de facture classique où, une fois de plus, des espions s’espionnent… Mais la série parvient à étonner par son humour omniprésent, dans une ambiance générale des plus sombres -sous ses airs bougons, Jackson Lamb n’est d’ailleurs pas le dernier pour placer, entre deux pets (!), quelques répliques drôles et assassines.
On a rarement vu des espions à ce point désabusés, et on rit de plus belle à leurs excuses abracadabrantes pour éviter de boire un verre avec le raseur de la bande, ou de la voiture de l’un d’eux, équipée d’un autoradio à jamais bloqué sur la chanson The Scientist de Coldplay… On se régale par contre de la chanson du générique: Mick Jagger s’époumone sur cet excitant Strange Game bluesy à souhait, coécrit et interprété par le leader des Stones, spécialement pour l’occasion.
Pas mal, tout ça, pour une bande de losers! » Oui, mais MA bande de losers« , ajoutera sûrement Lamb.
Slow Horses
Une série créée par Will Smith. Avec Gary Oldman, Kristin Scott Thomas, Jack Lowden. Disponible sur Apple TV+.
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