La télé US fait grise mine. Toutes les nouvelles séries qu’elle a balancées cet automne sont à jeter ou presque. Autopsies en série.
On assiste bel et bien au déclin de l’empire américain. Entre 2004 et 2008, l’âge d’or de la fiction sérielle battait son plein, et on croyait la création US inépuisable: Desperate Housewives et Lost rabattaient leurs premiers fans acharnés sur ABC, 24 heures chrono poursuivait ses injections d’adrénaline dans les veines des siens, tandis que dans un rayon moins mainstream, The Wire battait des records d’adulation, et Mad Men n’allait pas tarder à dégainer ses yuppies en costumes croisés. Gros réseaux et chaînes pointues parvenaient à mettre au point des séries fédératrices, génératrices de communautés d’aficionados. Des feuilletons qui étaient décrits par la presse, qui les mettait en couverture, comme des « phénomènes de société », débattus et glosés à n’en plus finir sur Internet. L’époque semble révolue.
Du neuf avec du vieux
Si la saison dernière avait accouché de trois excellentes surprises ( Boss, Homeland et Girls) -ce qui est bien mais pas top-, celle-ci, arrivée à sa moitié, n’a carrément rien donné du tout. Ni sur les grosses chaînes familiales, ni sur les petits canaux arty jusqu’ici considérés comme l’avenir, la relève de la production.
Revolution, sur NBC? La preuve que la machine JJ Abrams ne fonctionne plus, que le moule est cassé. Son pitch post-apocalyptique était pourtant des plus alléchants, mais servi par une bande d’acteurs issus du catalogue Pabo, il a perdu tout son intérêt.
Last Resort, sur ABC? Même problème, dans une histoire de sous-marin nucléaire qui se déclare nation souveraine après avoir refusé de rayer le Pakistan de la carte. Vegas, sur CBS? Le scénariste de Casino vient cachetonner dans un western qui n’a de moderne que sa date de mise sur le marché. On a mal pour Dennis Quaid et Michael Chiklis.
On sauvera provisoirement Nashville (ABC), un soap sur la rivalité entre deux chanteuses de country (interprétées par Connie Britton et Hayden Panettiere), prétexte à une incursion dans l’industrie du disque à l’heure où elle se casse la gueule. La série a des atouts, elle pourrait devenir brillante… ou pas.
A essayer aussi, The Mindy Project, où une sorte de Bridget Jones d’origine indienne fait parfois sourire (… ou pas) en essayant de se trouver un mec.
Rien de bien neuf à l’horizon, que du recyclage de vieilles recettes. La nouveauté, alors, où la trouver? Toujours pas en France (bien qu’ Ainsi soient-ils vaut le détour au confessionnal), certainement pas en Belgique (où ça?). Peut-être au Royaume-Uni ( The Hour nous avait bluffé l’an dernier, tout comme Luther, mais ce ne sont tout de même rien que des miniséries). Probablement dans les pays scandinaves -les danoises The Killing et Borgen en tête. L’occasion de rappeler que la deuxième saison de Borgen débute le 22 novembre sur Arte. Ceux qui la dédaigneront risquent bien de passer l’hiver à lire des livres. l
Myriam Leroy
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