Lorsqu’on associe musique numérique et streaming, c’est spontanément à Spotify et Deezer que l’on pense. Pourtant, à l’heure où le marché du numérique est désormais tout à fait démocratisé et représente plus de quatre milliards d’euros -soit un tiers des 12 milliards du marché de la musique-, se limiter à ces deux mastodontes (auxquels on pourrait ajouter iTunes, Google Play ou encore Amazon MP3) se révèle insuffisant. Depuis 2007, la plateforme française Qobuz joue en effet les trouble-fêtes en tournant définitivement la page du MP3, ce format vieux de 18 ans et peu adapté à une écoute de qualité. Son idée? Miser sur la haute définition en matière de son, proposer une sélection pointue en jazz et en classique, et mettre à disposition un catalogue Studio Masters regroupant plus de 3000 albums à la qualité rigoureusement identique à celle du studio d’enregistrement.
Si le pari semble audacieux, il y a matière à espérer, chiffres à l’appui: avec plus de 120 000 clients et dix millions d’euros de chiffre d’affaires en 2012, Qobuz en impose sur le marché français, même s’il reste bien loin des 434,7 millions d’euros de Spotify ou du milliard visé d’ici 2016 par les dirigeants de Deezer. Début décembre, Yves Riesel, l’insatiable cofondateur de la plateforme et patron d’Abeille, un label de musique classique, a d’ailleurs élargi son service de streaming à huit pays européens (la Belgique, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, l’Allemagne…) et dévoilé sa nouvelle grille d’abonnement, regroupée autour de quatre offres, toutes revues à la baisse: l’abonnement premium, le hi-fi, le classique et le basic.
Parallèlement à ses multiples réorientations et à ses quatorze millions de titres, Qobuz ambitionne également de changer les habitudes des internautes. Si, depuis quelques années, la musique numérique s’intensifie, se décloisonne, et se réinvente, pas de raison de se limiter dans les formats. Interviews, portraits, écoutes comparées, news, tous les moyens sont bons pour faire de la plateforme un site musical à part entière. Lucide sur la marge de progression de son média par rapport à ses concurrents, Yves Riesel reconnaissait l’été dernier dans le journal français Le Point que « le modèle du futur, c’est un mélange entre le streaming segmenté et le téléchargement à l’acte. Il faut simplement faire attention à ne pas trop sortir de son métier, même si les frontières bougent. « Avant d’ajouter, plein de malice et d’ambition: « Avec le numérique, nous avons aujourd’hui une page blanche à remplir. »
WWW.QOBUZ.COM
MAXIME DELCOURT
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