Power Foule – La galerie Aeroplastics crée l’événement avec Power To The People, une expo d’une grande générosité. Et soudain tout s’éclaire.
Expo collective chez Aeroplastics, 37 rue Blanche, à 1060 Bruxelles. Jusqu’au 17/01/09.Jolie tête d’affiche que celle que propose la galerie Aeroplastics en s’appuyant sur un projet de Pierre-Yves Desaive. Cinquante artistes venus pour la plupart de Belgique présentant 80 £uvres au total. Le line-up fait rêver qui a nécessité plus d’un an de préparation: Johan Muyle, Wim Delvoye, Gianni Stefanon, Ann Veronica Janssens… Mais également des surprises – Bouli Lanners -, et des artistes moins connus – mais pas moins bons pour autant – comme Selçuk Mutlu ou Jérôme Considérant.
Un vrai feu d’artifice que l’on doit à Pierre-Yves Desaive, critique d’art indépendant travaillant entre autres pour le magazine Contemporary et Arte News. L’idée lui est tout simplement venue de son immersion dans le monde de la création. « Power to the people est un titre ambigu. People, fait-il référence àpeuple ou à célébrité? C’est exactement la même chose que l’on retrouve au niveau du monde de l’art. D’un côté, la création simple qui progresse sans médiation, modestement, loin des projecteurs. De l’autre, une avalanche d’argent et de notoriété telle qu’on peut la trouver chez Damien Hirst par exemple. Je voulais faire ce constat de l’intérieur, il n’y a aucun propos polémique dans l’exposition. »
Mais Power To The People ne s’arrête pas en si bon chemin. Plus loin, elle se veut le départ d’une réflexion sur les rapports entre les artistes et le pouvoir. » Qu’il s’agisse d’institutions, de collectionneurs, de ce que l’on appelle les tendances du marché, ou de politique, tout artiste y est confronté. Ce qu’il fera des codes que ce pouvoir tente d’imposer est sa liber-té ultime. »
Inversion du système
Parmi les artistes présents, le Liégeois Alain De Clerq a eu un rôle fondateur pour Pierre-Yves Desaive en faisant tourner le système à l’envers. Le plasticien a inventé la SPAC – un acronyme de CPAS signifiant non sans humour Société publique d’aide culturelle -, une fondation qui récolte de l’argent afin d’acheter des £uvres et de les mettre en dépôt au Musée d’Art Moderne de la Ville de Liège. Pour ce faire, il a inventé une sculpture d’un nouveau genre. En introduisant une pièce de 50 cent, 1 ou 2 euros dans l’horodateur situé face à la sculpture, tout qui veut déclenche une flamme pendant une minute. L’argent récolté est déposé dans ledit fonds destiné à acquérir des £uvres internationales. C’est l’£uvre qui finance le lieu de culture et pas l’inverse… Chez Aeroplastics, Alain De Clerq a installé une bétonneuse de chantier qui, elle aussi, tourne à l’envers.
La subversion est aussi chez Muyle qui propose une sorte de karaoké pour créer sa Marseillaise. Très symbolique également, Jacques Charlier, lui, pose en GI, artiste 100 % militant (photo).
www.aeroplastics.net
Michel Verlinden
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