Pour qu’il neige
Que sait-on de nos parents? Qu’y a-t-il de vrai dans les récits familiaux qui nous ont été ressassés comme des chansons ou des légendes apprises par cœur? Comment nous définissent-ils? Des questions qui traversent la délicate écriture de Jessica Au dans son court mais intense roman. La narratrice emmène sa mère à Tokyo pour un voyage qui doit être celui de la reconstruction d’un lien simplement détruit par le temps et l’âge qui avance. De musées en hôtels, de gares en bains publics, le regard de la fille posé sur sa génitrice tend à faire remonter les bribes d’une jeunesse à Hong Kong pour la vieille dame: l’évocation d’un oncle oiseleur, l’impact d’une professeure de littérature, des traces aussi colorées par les histoires qu’on se transmet que floutées par les années qui passent. L’autrice et éditrice australienne appuie chaque détail: une couleur du ciel, un plat au restaurant réveillent la mémoire. Les mots semblent lourdement pesés dans ce récit construit comme une seule phrase (la traduction Claro préserve la douceur du ton). Ici, il n’y a de respiration que le souvenir et les questions qu’il charrie. Un roman puissant aussi sur le fait de voir vieillir ses parents, de notre destin à prendre soin de ceux qui nous ont élevés. Et d’ensuite construire son propre avenir.
De Jessica Au, éditions Grasset, traduit de l’anglais (Australie) par Claro, 180 pages.
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