De Douglas Kennedy. Éditions Belfond Noir, 265 pages.
Initialement paru chez Gallimard, Cul-de-sac – premier roman-culte de D. Kennedy – ressort aujourd’hui chez Belfond, sous le titre Piège nuptial, dans une nouvelle traduction. Si cette dernière peut porter sujet à quelques critiques, le récit reste extraordinaire. L’auteur nous embarque sur les routes paumées d’Australie où il lui arrive les pires mésaventures. Et à nous aussi, tant il est doué pour nous impliquer dans son univers bien barré, glauque à souhait et sans apparent espoir de retour. Bien décidé à rompre avec son quotidien pour partir à la recherche de lui-même, notre héros brave les lois de la raison et roule à fond de caisse vers l’inconnu. Tous les rêves sont permis jusqu’au moment où il va prendre en stop une fille bien gaulée, mais ogresse de la baise et qui finira par l’emmener en enfer. Pas loin de Lynch qui commence souvent avec une image idyllique et se termine en cendres. Le récit est palpitant et se lit à tombeau ouvert. Malgré un parfum de Seul contre tous de Gaspard Noé, il y a quelques gouttes d’humour pur. Dans tous les livres de Kennedy, on sent un paradoxe entre les personnages qui tentent de fuir une structure, un train-train quotidien, mais qui, en même temps y trouvent leur salut. Dans la dérision de la vie.
Fabuleux récit! Le livre est accompagné d’un documentaire très intéres- sant sur l’auteur Douglas Kennedy ou l’éloge de la fuite, réalisé par Armelle Brusq. On y apprend qu’il vit entre 4 pays (Allemagne, Angleterre, France, Etats-Unis) et qu’il a besoin de rituels avant d’écrire. Com-me de faire le ménage… Chez lui tout est nickel. Jusqu’à l’obsession. Fils d’une mère juive et d’un père catholique, il raconte qu’il éprouve la culpabilité en stéréo! Il se dit « en perdition, mais sauvé par le travail ». Il écrit 1 000 mots par jour, principalement le matin, pour pouvoir aller au cinéma, au concert, faire du sport ou voir des amis l’après-midi. Pour lui, « une vie sans engagement est une vie privée de substance. » On sent qu’il aime se mettre en danger, mais avec des garde-fous! Auteur écorché, angoissé, attachant… On a peur qu’il se perde un jour. Mais tant qu’il continuera à écrire, il est sauvé. Et nous aussi!
Nadine Monfils
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