20.50 ARTE MINISÉRIE
UNE SÉRIE ITV, CRÉÉE PAR GUY ANDREWS. AVEC JEMIMA ROOPER, GEMMA ARTERTON, HUGH BONNEVILLE.
C’est le canevas Un indien dans la ville, le principe Retour vers le futur, Splash, Il était une fois… C’est un argument scénaristique vieux comme le monde, éculé, ressassé, usé, qui consiste à extraire un personnage de son biotope et à le réinjecter dans un environnement qui lui est en tous points étranger, et de voir comment il peut s’en sortir. C’est une option de récit tellement banale que l’on craignait qu’ Orgueil et quiproquos soit particulièrement pénible. Or, cette minisérie anglaise en quatre épisodes révèle rapidement son charme fou et sa revigorante fraîcheur. On y suit Amanda, 27 ans, célibataire anglaise typique, incorrigible romantique, déçue par sa propre vie qui ne correspond en rien à celle de ses rêves, cristallisés par un roman de Jane Austen qu’elle lit et relit depuis l’enfance, Orgueil et préjugés. Un soir où son boyfriend lui soumet une demande en mariage particulièrement triviale, Amanda fait une étrange rencontre dans la salle de bain: Elizabeth Bennet, héroïne du livre d’Austen, échappée de ses pages par une porte secrète. Un chemin qu’Amanda, curieuse, décide d’emprunter, jusqu’à se retrouver prisonnière de la fin du XVIIIe siècle. La voilà plongée au c£ur des tourments amoureux et financiers de la famille Bennet, en l’absence de la fille aînée. Elle se sent investie d’une mission: s’assurer que les événements décrits dans son livre de chevet se produiront bien, malgré les évidentes inclinaisons des uns et des autres à se conduire différemment. Les choses se compliqueront encore davantage quand son c£ur se mettra à battre pour le beau Darcy, initialement dévolu à Elizabeth, coincée à Londres en 2008. Amanda, délicieusement vulgaire et inconvenante, trouvera néanmoins sa place dans cette petite société anglaise bourgeoise et rigide. Et le téléspectateur se surprendra à prendre fait et cause pour elle. C’est l’une des grandes réussites d’ Orgueil et Quiproquos: son héroïne terriblement attachante, forte en gueule, d’une grande modernité, qui sonne juste malgré l’incongruité de sa situation. Joliment troussée, cette petite comédie romantique estivale regorge de répliques cinglantes, de dialogues bien sentis, de scènes d’anthologie -à cet égard, entendre Amanda chanter Downtown de Petula Clark à une assistance empesée et médusée est un régal. Une friandise sans prétention, absolument délicieuse.
MYRIAM LEROY
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