Oranges sanguines
» Attention: comédie méchante!« , prévient l’affiche du film. Et en effet… Présenté en séance de minuit l’an dernier à Cannes, le deuxième long métrage de Jean-Christophe Meurisse ( Apnée), fondateur enragé du collectif théâtral Les Chiens de Navarre, n’a peur de rien. Surtout pas de mordre là où ça fait mal -à l’entrejambe, donc, notamment. Couple de retraités désargentés tentant de se refaire dans une compétition de rock, homme politique à l’intégrité pour le moins vacillante, adolescente redoutant sa première expérience sexuelle… Le film, aussi drôle qu’imprévisible, emboîte différents récits au sein desquels les personnages semblent se passer le flambeau comme dans une ronde « ophulsienne ». Joyeusement foutraque, résolument acide, Oranges sanguines (ce titre assez parfait) transpire l’amour des mots qui décapent et des situations qui déstabilisent. Chez Meurisse, les phrases juteuses s’étirent jusqu’à l’absurde tandis que tout le monde en prend pour son grade. Film ouvertement de gauche, mais jamais platement donneur de leçons, cette critique au vitriol de la société française démarre comme une amusante comédie chorale avant de virer en improbable ovni anxiogène. » Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres« , disait Gramsci, cité par Meurisse. Qu’il est bon de voir enfin une comédie française sortir radicalement des rails pour se moquer des conventions et des discours en toc de l’époque!
De Jean-Christophe Meurisse. Avec Christophe Paou, Denis Podalydès, Blanche Gardin. 1 h 42. Disponible en VOD sur Sooner.
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