Moon Knight

Le jour, Steven Grant (Oscar Isaac) est un timide employé de la boutique de souvenirs du British Museum. Ses nuits, en revanche, sont plus agitées, habitées de cauchemars horrifiques. À moins qu’il ne s’agisse de crises de somnambulisme, théâtre de combats sanglants. En réalité, Steven est un des alter ego de Marc Spector, mercenaire américain souffrant de troubles de personnalité multiple depuis que le dieu égyptien Khonshu l’a choisi pour être son avatar. Sous l’identité et le costume de Moon Knight, aidé par une archéologue et aventurière, Layla (May Calamawy), il combat les forces du mal menées par Arthur Harrow (Ethan Hawke). L’adaptation tant attendue d’un des héros les plus intrigants des comics Marvel est aussi clivée et contrastée que sa personnalité. Les scènes d’action préservent formidablement l’aura du super-héros encapuchonné, ses mouvements, son esthétique occulte. Le scénario composite puise, lui, dans l’aventure horrifique et mystique, les pointes d’humour, désormais élément incontournable des franchises Marvel, et les frissons psychotiques qui évoquent une version plus édulcorée des transferts de personnalité de Legion. L’intrigue met donc du temps à démarrer pour de bon, égrainant ses effets dilatoires pour mieux libérer l’espoir et le plaisir de voir le héros en pleine possession de ses moyens. Dans ce crescendo à double tranchant, Moon Knight va difficilement au-delà du plaisir momentané que donnent ses accélérations soudaines, et de la structure manichéenne de son récit. Toutefois, la série réserve son lot de surprises et de plaisirs coupables. Elle offre au défunt Gaspard Ulliel son dernier rôle à l’écran et à Oscar Isaac, après un X-Men: Apocalypse raté, de prendre une belle place dans le MCU, habité et habillé de pied en cape par son personnage d’une noirceur abyssale et fascinante.