SÉRIE SHOWTIME CRÉÉE PAR DAVID LEVIEN, BRIAN KOPPELMAN ET ANDREW ROSS SORKIN. AVEC DAMIAN LEWIS, PAUL GIAMATTI, MAGGIE SIFF.
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Si les films immergés dans le monde de la finance ne manquent pas depuis quelques années (du brillant documentaire Inside Job aux acclamés The Big Short ou Margin Call, en passant par Le Loup de Wall Street), on attendait la série télé qui allait pouvoir creuser sur la longueur ce thème on ne peut plus actuel. Billions a, dans une certaine mesure, cette ambition. Dans une certaine mesure seulement, puisque la série, créée notamment par l’ancien journaliste économique du New York Times Andrew Ross Sorkin (rien à voir avec Aaron) et le scénariste David Levien (à qui l’on doit notamment le script du très culte Rounders), ne se pique pas d’entrer dans les salles de trading comme l’ont fait les longs métrages précités. Il n’est pas (souvent) question ici d’ordinateurs qui fument et de coups de téléphone aussi hystériques qu’obscurs. Billions délaisse un peu l’aspect technico-technique pour se concentrer sur un duel d’hommes. Le premier, Chuck Rhoades (Paul Giamatti), procureur à New York, est bien décidé à scier le piédestal qui maintint le gestionnaire de hedge fund et milliardaire Bobby Axelrod (Damian Lewis) dans une lumière qu’il ne mérite manifestement pas. Problème: dans l’équipe d’Axelrod, soudée à la vie à la mort par le 11-Septembre, figure également la femme de Rhoades, psychologue bossant temps plein pour l’entreprise. Un conflit d’intérêt qui n’attend qu’à éclater, tant l’acharnement du procureur, persuadé qu’Axelrod contourne la loi pour s’enrichir, va mettre à mal la loyauté de sa femme.
En concentrant son attention sur la bataille d’ego que se livrent les deux hommes, Billions évite l’écueil du trop abscons. Au détriment peut-être de véritables enjeux économiques, qui apparaissent finalement en retrait dans cette guerre éthique entre un procureur qui veut laver plus blanc que blanc et un génie de la finance aux méthodes pour le moins douteuses. Heureusement, les prestations de Paul Giamatti, dont on ne se lassera décidément jamais de voir la bouille (on se rappelle de l’impeccable Sideways, qui l’avait relancé dans le bain des premiers rôles), et de Damian « Homeland » Lewis, tous les deux à bloc, donnent tout le piment à cette série assurément bien menée. Notamment par Neil Burger (L’Illusionniste) qui signe le pilote de Billions, assez rapidement renouvelée pour une deuxième saison par Showtime.
GUY VERSTRAETEN
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