Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Mickey à crochets – Mickey 3D est mort, vive Mickey [3d]! Toujours aux commandes d’un groupe désormais à géométrie variable, Mickael Furnon en a profité pour ouvrir grand les fenêtres. Respire!

« La grande évasion »

Distribué par EMI.

A l’époque, la nouvelle n’avait pas fait beaucoup de bruit. Fin 2008, le groupe Mickey 3D annonçait officiellement sa séparation. Un dépôt de bilan pour une petite entreprise qui avait su pourtant se faire une place au soleil. Notamment via le single Respire, gros carton tiré de l’album Tu vas pas mourir de rire sorti en 2003 (plus de 300 000 exemplaires et Victoire de la musique de l’album rock de l’année). Seulement voilà, explique Mickael Furnon, leader du trio, « après le dernier album ( Matador en 2005, ndlr), on ne s’est jamais vraiment revu. C’est la vie: après 10 ans de vie commune, les gens ont d’autres affinités. Cela ne servait plus à grand-chose de continuer à faire de la musique ensemble. »

Entre-temps, Mickael Furnon a écrit pour d’autres (Indochine, Birkin…) et sorti un premier essai solo, Mick est tout seul. Aujourd’hui pourtant, c’est bien sous le nom de Mickey 3D, que paraît son nouvel album. Intitulé La grande évasion, il n’aura pas vu Furnon s’échapper bien loin… « J’ai gardé le nom parce que, dès le départ, c’était mon projet, mes chansons. J’ai juste fait un changement sur la typographie pour montrer que cela restait le même cadre, mais plus la même histoire. » Remisé un temps au clou, Mickey 3D est donc aujourd’hui à mettre entre crochets. On pourrait croire que cela a permis à Furnon de redéfinir le code source du « programme » Mickey 3D. Pas forcément…  » J’ai démarré ce disque tout seul. Puis j’ai commencé à appeler des musiciens: j’avais envie d’une trompette ici, d’un clavier là… Résultat, je me suis retrouvé avec un disque dont je me suis dit en le réécoutant que c’était un album de Mickey 3D. Et au bout du compte, je pense être la personne la mieux placée pour le savoir. En fait, mes chansons partagées avec d’autres musiciens, cela donne du Mickey 3D, tout simplement. »

Amour et ballon rond

On retrouve donc bien le style maison. Soit un sens affirmé de la mélodie qui fait mouche ( Méfie-toi l’escargot). Le tout sur des textes souvent désabusés (« Personne ne connaît personne », chante-t-il sur L’homme qui prenait sa femme pour une plante), plus volontiers énoncés que chantés. Misanthrope un peu bourru, Mickael Furnon a surtout eu la bonne idée de laisser de côté l’aspect engagé très premier degré de certaines chansons précédentes. « Je me suis souvent retrouvé dans le social, la chanson citoyenne. Là, je voulais partir d’autre chose, raconter des histoires improbables, un peu de fiction, un peu de poésie. » Il reste bien une chanson comme Playmobil – sur le thème « les hommes de pouvoir ne cherchent qu’à se venger des humiliations subies enfant dans la cour de récré »- « mais c’est plus une analyse psychanalytique que politique », sourit Furnon.

Ailleurs, il ouvre davantage les fenêtres. Littéralement, quand il capte la chorale de l’école qui répète en face de chez lui ( Les vivants); ou virtuelles, quand il invite Cécile Hercule, rencontrée via MySpace, à venir chanter sur plusieurs titres. Plus loin, il va joliment creuser dans la nostalgie de ses 18 ans ( 1988) ou dans le thriller deRJ Ellory, Seul le silence ( Je m’appelle Joseph). Et c’est franchement réussi. Furnon en arrive même à rendre crédible l’histoire improbable d’une rencontre amoureuse avec une footballeuse québécoise ( La footballeuse de Sherbrooke), lui permettant de faire rimer Frank Ribery et Angelina Jolie. Rien que pour ça…

En concert, le 5/11, au Théâtre 140,à Bruxelles.

Laurent Hoebrechts

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