Balade en nostalgie – Avec cette chronique douce-amère, Lafebre et Zidrou offrent à la collection Long Courrier une nouvelle perle à enfiler à son collier déjà bien chargé.
De Jordi Lafebre et Zidrou, Éditions Dargaud.
« Long Courrier est une collection d’auteurs. Pas une voix, un tempérament, un graphisme, un scénario qui se ressemble. Seul point commun: la densité de lecture et sa qualité. » Mise en exergue sur le site officiel de la collection, cette sentence vaut, une fois de plus, pour Lydie, le nouvel album de la collection. Tout en humanité, il raconte la vie des habitants d’une petite impasse nichée dans une ville du milieu du siècle dernier.
Un peu simple d’esprit, Camille n’est pas farouche avec les hommes qui le lui rendent bien. Au point qu’elle finit par se retrouver enceinte d’une petite fille qui décèdera peu de temps après sa naissance. Cela n’empêche pas Camille de promener Lydie, son bébé imaginaire, pour qu’elle fasse connaissance avec les gens du coin. Comme un joli mensonge vaut mieux qu’une vilaine vérité, les habitants de l’impasse du bébé à moustaches (du nom d’une affiche publicitaire affublée de bacchantes par les gamins du quartier) décident de jouer le jeu. Lydie grandit donc sous les yeux amusés et bienveillants des habitants qui l’ont adopté. Même le médecin est capable de se relever en pleine nuit pour aller faire tomber la fièvre d’une enfant inexistante. Reste qu’un jour, le rêve finit toujours par percuter la réalité.
Comme une photo de Robert Doisneau, cette nouvelle perle de la collection Long Courrier, aux éditions Dargaud, se révèle une véritable machine à remonter le temps. Elle arrive à transporter le lecteur à une époque où les rapports humains entre voisins exigeaient quelques sacrifices. Un temps où chaque quartier des grandes villes affichait des allures de village. Une balade en nostalgie que l’on doit en grande partie à la tendresse du dessin de Jordi Lafebre et à l’intelligence du scénario de Zidrou, alias Benoît Drousie pour qui Lydie est son hommage au quotidien, à la solidarité humaine et à la gentillesse. » La gentillesse, c’est comme le sucre sur les fraises: ça aide à faire passer les plus amères. Et puis, après, c’est tellement bon de lécher l’assiette… » l
Vincent Genot
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