Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

Faraway, so close – Le MusÉe de la Photographie propose 30 ans de l’histoire contemporaine des États-Unis À travers l’objectif de Watriss et Baldwin. Symbolique.

Wendy Watriss et Frederick Baldwin, au MusÉe de la Photographie, 11, avenue Pastur, 6032 Charleroi. Du 24/01 au 24/05.Le timing est parfait. Comme prévu de longue date. L’ouverture de l’exposition consacrée au travail de Wendy Watriss et Frederick C. Baldwin ne pouvait mieux tomber: quatre jours à peine après la cérémonie d’investiture de Barack Obama. Cette proximité temporelle a tout du symbole. Cet homme qui offre un nouveau visage aux Etats-Unis – et qui porte le fardeau de tant d’espoirs – est totalement en phase avec l’image que les deux photographes ont donné du pays de l’oncle Sam. Tout comme Obama, Watriss et Baldwin se sont engagés à défendre une nation pluriculturelle loin des simplifications manichéennes. Les frontières ne sont pas tant celles des couleurs de peau que celles tracées entre laissés-pour-compte et vainqueurs sur une terre où la réussite individuelle a été hissée au rang suprême.

Entre Wendy Watriss et Frederick C. Baldwin, c’est une histoire qui fait chabadabada. La rencontre de deux regards – et surtout de deux consciences – qui ne feront plus qu’un(e) entre 1971 et 1979. Durant huit années, ils vont sillonner le Texas pour en extraire une enquête sociologique inédite, passant à la loupe les différents groupes sociaux qui composent la trame de cet Etat. Un choix judicieux tant le Texas déploie une imagerie très marquée U.S., entre cow-boys et pétroliers façon There will be blood. Pour comprendre, ils choisissent une immersion totale, vivant deux années entières dans une caravane. La « suite texane » extraite de ce travail est puissante. Elle juxtapose offices religieux, fêtes, mariages, jours de peine et actes collectifs des différentes communautés qui composent le plus grand des Etats nord-américains. Outre cette précieuse série, l’exposition donne également à voir les clichés du travail respectif de Watriss et Baldwin. On suit ce dernier, entre 1957 et 1970, en Géorgie, traquant les adeptes du Ku Klux Klan ainsi que les manifestants afro-américains derrière Martin Luther King pour la défense de leurs droits civiques. Quant à Wendy Watriss, c’est son reportage sur les vétérans du Vietnam qui bouleverse. Entre 1982 et 1987, elle a immortalisé visages et gestes autour du Vietnam Veterans Memorial, un monument unique qui est l’£uvre des anciens combattants eux-mêmes. Poignant. Au final, ce sont 30 ans d’images fondatrices qui permettent d’entrevoir la silhouette d’un pays fascinant, à la fois proche et lointain.

www.museephoto.be

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