Les Sauroctones (tome 3)

© National

Erwann Surcouf aime particulièrement jouer avec les mots et les codes de genres. Pouvoirpoint, sa précédente production, en était un exemple frappant. Une fois de plus, Les Sauroctones se détache du lot par ce ton particulier. La série s’inscrit dans la mouvance post-apocalyptique, devenue un genre en soi dans cette période troublée. L’auteur imagine un monde sauvage où les survivants d’un cataclysme oublié se sont réorganisés tant bien que mal en communautés. On y suit trois gamins autoproclamés “Sauroctones”, mythiques chasseurs de créatures mutantes. Ils tentent de rejoindre un vaisseau spatial qui emmènera les chanceux loin de la Terre. Dans leur périple, ils vont être confrontés à des poches d’humanité, certaines mystiques, d’autres tyranniques, chacune ayant conservé du passé des croyances dont l’origine est depuis longtemps oubliée mais qui entrent en résonance avec notre époque contemporaine. L’auteur puise son inspiration dans le langage des réseaux sociaux. Il bourre également son récit de références à l’actualité et à de grandes figures tristement marquantes qu’il intègre subtilement. Il convoque aussi le ménestrel médiéval qui, de château en château, colportait les nouvelles du monde: sorti d’on ne sait où, un fascicule sous forme de comics précède nos héros dans leur cheminement. Il conte leurs mésaventures et fait l’objet d’une collectionnite aiguë chez certains et contribue à leur culte: les trois tomes qui forment la série seraient-ils -ultime mise en abyme- la compilation de ces comics? On rit parfois et on sourit souvent malgré la violence de ce monde hostile. Le dessin à la ligne claire et faussement naïf d’Erwann Surcouf achève de faire basculer la série du côté clair de la Force.

© National

D’Erwann Surcouf, éditions Dargaud, 236 pages.

8

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content