Les folles années 30

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David O. Russell s’inspire de faits réels pour signer un polar loufoque sur arrière-plan de complot contre l’Amérique. Réjouissant et foutraque.

Sept ans séparent Joy, le dernier film de David O. Russell, de Amsterdam. Entre-temps, c’est peu dire que le paysage cinématographique a sensiblement évolué, et c’est en streaming exclusivement que le public belge (à l’inverse du français par exemple) est invité à découvrir ce nouvel opus. Et cela, en dépit de son casting de luxe -dominé par le trio Christian Bale-Margot Robbie-John David Washington, aux côtés desquels l’on retrouve encore Robert De Niro, Anya Taylor-Joy ou… Matthias Schoenaerts-, et d’une mise en scène appelant le grand écran, support tout désigné pour la vaste fresque à laquelle s’attèle le réalisateur de Silver Linings Playbook.

L’histoire débute à New York en 1933, quand Burt Berendsen (Christian Bale) et Harold Woodman (John David Washington), un chirurgien et un avocat s’étant connus au front pendant la Grande Guerre, sont invités de manière pressante par une jeune femme à faire l’autopsie de son père, le général Meekins, sous les ordres duquel ils avaient servi. Elle ne peut croire à sa mort naturelle, en effet, mais à peine veut-elle leur en expliquer les raisons qu’elle est poussée en dessous d’une voiture, les deux hommes se voyant pour leur part soupçonnés du meurtre et pourchassés par une mystérieuse “organisation”. Le point de départ d’une intrigue tortueuse à loisir que Russell va infuser de flash-back, lorsque, rescapés de la boucherie de 14-18, Burt et Harold rencontraient Valerie (Margot Robbie), une infirmière avec qui ils allaient nouer une indéfectible amitié dans l’insouciance joyeuse d’Amsterdam. Et celle-ci de resurgir à point nommé alors que leur enquête les plonge bientôt au cœur de la haute société new-yorkaise, et de ce qui ressemble à une conspiration, sur arrière-plan d’une Europe en proie à la montée du fascisme.

S’il y a mêlé des éléments fictifs de son cru, David O. Russell s’est inspiré, pour Amsterdam, d’un complot avéré survenu en 1933 et connu sous l’appellation The Business Plot, qui avait vu de richissimes hommes d’affaires américains aux sympathies fascistes fomenter un coup d’État pour renverser le président Roosevelt. Un épisode ahurissant dont le réalisateur fait son miel, en restituant les tenants et aboutissants avec un décalage assumé, tout en instruisant un parallèle évident avec un passé très récent et une autre tentative de “Coup”.

Réjouissant, le résultat n’est pourtant pas totalement à la hauteur des ambitions affichées. Polar loufoque empruntant avec élégance à l’esthétique du film noir, Amsterdam a aussi tendance à s’éparpiller, au risque parfois de la confusion. Russell charge la barque à l’excès, et son film, rutilant mais foutraque, flirte plus que de raison avec le déséquilibre. Sans y sacrifier pour autant son charme délicieusement vintage…

Amsterdam

De David O. Russell. Avec Christian Bale, Margot Robbie, John David Washington. 2 h 15. Disponible sur Disney+.

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