Les Choses comme elles sont
Elle, c’est la « Petite », gamine de huit ans curieuse de tout, qui se sent pousser des ailes au contact des mots. Elle habite au-dessus de l’école maternelle que dirige la Mère-Ritou. Celui qui rentre tard les soirs de semaine, c’est le Père-Élios. Il y a aussi l’oie Caroline, cette bêcheuse qui en remontre à César le lièvre: « Tu as vu comme je cacarde bien, tu as vu comme je me rengorge? » Le Père-Élios et la Mère-Ritou, eux, ne se parlent pas beaucoup. Et quand ils le font, ça se termine en claquements de portes. Or il faut vivre à trois, vivre » la vie de famille ». Au plus près des sensations, l’écriture embrasse le regard de l’enfant. Et c’est un enchantement. Des livres comme ça, on n’en croise pas « tous les trente-six du mois ». D’ailleurs le temps passe. Le couple vit au rythme des « événements » qui s’accélèrent en Algérie, des relents amers de l’Histoire et la guerre de creuser le gouffre entre les époux. On est sans nouvelles du cargo français le Sainte-Anne, mystère classé secret-défense. » Ce sera tout un tintouin. » Vient le cyclone de l’adolescence: » la villa ne peut contenir tant de rancune et d’orage. Il faut un théâtre à la démesure du réel. Un temple. » Ce temple, c’est le livre de Claudine Galea. Diseuse de bonne aventure, l’écrivaine, auteure de livres pour enfants et de pièces de théâtre, raconte les horreurs, l’irrévocable, la vérité quoi. « Dans toutes les vies, il y a des trous noirs. Des secrets. Des histoires innommables. Les cacher ne sert à rien. Ce sont les faits. Les choses comme elles sont. » Un livre qui fait tourner tous les moulins du coeur.
De Claudine Galea, Éditions Verticales, 248 pages.
9
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici