L’enfant qui regarde
Haïti, Port-au-Prince. Niché dans une petite chambre en plein cœur d’un quartier populaire, Monsieur Gérard, ancien professeur d’une école pour jeunes filles, vit en quasi-reclus. À la demande de la seule femme à qui il adresse la parole, l’enseignant accepte d’aider un jeune garçon à rattraper son retard scolaire. Subjugué par son mystérieux maître, Manuel est initié à la poésie et à la musique classique. Le père de l’enfant, opposant politique, est absent. Contraint de disparaître, dissimulé ou grimé au cœur du pays, personne, pas même ses plus vieux amis, ne doit le reconnaître. “ Ma mère sait quelque chose qu’elle ne veut pas dire, et je sens bourdonner un secret au plus profond de moi. Si on ne peut croire en personne dans cette vie, alors tout est vrai.” Entre Baudelaire et Wagner, Dany Laferrière ( L’Énigme du retour) tisse une leçon d’art de vivre où la transmission de la culture est peut-être la seule à même de panser “ l’exil de classe (…) aussi terrible que l’exil politique”. Procédant à pas de loup, l’académicien signe une nouvelle faussement indolente, délicatement tragique. Ou comment s’extirper du collectif panier de crabes de la rumeur et des ragots pour tracer un chemin singulier, devenir un individu, sans esbroufe et avec conviction.
De Dany Laferrière, éditions Grasset, 64 pages.
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