Critique de cinéma, coauteur notamment d’un ouvrage consacré à M. Night Shyamalan, Hendy Bicaise s’attelle, dans ce court essai, à la nouvelle vague du cinéma chinois, une sixième génération s’étant épanouie dans la foulée de Jia Zhang-ke, et dont il envisage l’apport et la singularité sous l’angle du réalisme magique. “ La nouvelle génération de cinéastes chinois forge des œuvres mutantes. Animés par des interrogations sociales, bouleversés par l’avènement du numérique et les possibilités offertes par la technologie, ils proposent des films aux confluents du réel et de l’imaginaire”, postule l’ouvrage. La source du réalisme magique du cinéma chinois, l’auteur la situe dans Still Life, de Jia Zhang-ke, avec la scène, restée fameuse, d’un immeuble s’élevant dans les airs, avant d’en étudier les occurrences chez Bi Gan ( Un grand voyage vers la nuit), Diao Yinan ( Le Lac aux oies sauvages), Zheng Lu Xinyuan ( The Cloud in Her Room) et d’autres. La matière est féconde, les cinéastes auscultant “ le quotidien de leurs congénères, tout en bousculant son apparente banalité par des images qui échappent à la compréhension” , de cette volonté de s’affranchir du réel pour mieux l’appréhender jaillissant un regard critique sur la société chinoise assorti du désir éventuel de réenchanter le monde, disposition à géométrie variable dont Hendy Bicaise explore les expressions tant narratives qu’esthétiques. L’auteur cite notamment Liu Jian, le réalisateur de Have a Nice Day, qui affirme: “ Dans la Chine contemporaine, le réalisme magique se manifeste autour de nous presque tous les jours. Et la vie ressemble parfois à une comédie surréaliste à la fois jubilatoire et paralysante.” Un constat dont le cinéma d’auteur chinois a su tirer le meilleur parti.
De Hendy Bicaise, éditions Playlist Society, 136 pages
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