Le Mystère de la femme sans tête
1942. Alors que Bruxelles est accablée par l’occupant nazi, Marina Chafroff sauve 60 vies en se livrant aux autorités pour le meurtre d’un officier. C’est peut-être le premier geste fort de résistance dans la Belgique occupée. Pourtant Marina n’a ni rue à son nom, ni monument à sa gloire. C’est cet effacement ainsi que celui de nombreuses autres femmes des livres d’Histoire que Myriam Leroy (lire son interview dans Le Vif) s’emploie à réparer dans ce récit fébrile, numéro de ventriloquie romanesque habité tant par la mémoire de cette jeune femme russe que par la colère de la romancière belge. Marina a été décapitée, privée symboliquement de sa pensée et de sa réflexion. Déployant en parallèle les éléments biographiques de la courte vie de Marina et les méandres de son enquête, l’autrice dévoile au fil du texte les coulisses de son écriture. Elle investit avec ferveur le champ littéraire de la biographie fantasmée, fiction étayée par la vie réelle de cette jeune immigrée russe qui aurait pu changer l’Histoire, ou plutôt, qui a contribué à la changer, même si le monde l’a oubliée. Cette histoire, la narratrice la fait sienne tout en la restituant à la mémoire de son héroïne. 1942 et 2022 dialoguent, avec cette question qui résonne: quelle place laisse-t-on aux femmes dans l’Histoire?
De Myriam Leroy, éditions du Seuil, 288 pages.
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