Révolution de palais – écrivain, scénariste et parolier, Jean-Claude Carrière tente, à 78 ans, l’aventure de la BD en compagnie de Bernar Yslaire.
De Jean-Claude Carrière et Bernar Yslaire, Éditions Futuropolis.
Commande du Musée du Louvre, l’album Le ciel au-dessus du Louvre raconte, à travers un tableau inachevé, 5 années clés dans l’histoire de la révolution française. » Comme j’ai adoré le film Danton , écrit par Jean-Claude Carrière pour Andrzej Wajda, j’ai tout de suite pensé à lui pour m’aider à raconter la naissance du Louvre à travers quelques moments forts de la vie du peintre David et de Robespierre« , explique Yslaire.
La peur du vide
De cet embryon d’histoire, Jean-Claude Carrière tire un récit d’une vingtaine de courts chapitres qui sont autant de tableaux de la Terreur brossés rapidement » Les révolutionnaires étaient des gens très pressés, sourit Jean-Claude Carrière. Menacés, ils savaient qu’ils disposaient de très peu de temps pour faire passer leurs lois. Cette notion d’urgence est à la base de notre découpage. Ce manque de temps se retrouve également dans les dessins inachevés, presque esquissés. Comme si les personnages n’avaient pas disposé de suffisamment de temps pour poser devant Bernar. » Le ciel au-dessus du Louvre, c’est également l’histoire d’une révolution monstrueuse et sanglante qui finit par se chercher une représentation emblématique, un Etre Suprême que la population pourra vénérer en lieu et place des figures religieuses interdites avec la disparition de l’Ancien Régime. Cette peur du vide, assez peu évoquée dans les manuels scolaires, suinte imperceptiblement de chaque page de l’album. » J’ai vraiment découvert la BD à travers cette collaboration, poursuit Jean-Claude Carrière. C’est un média qui a ses propres règles, son propre langage fait de nombreuses ellipses et dans lequel le texte et les dessins se renforcent mutuellement pour former un tout cohérent. Si je dois établir une comparaison avec le cinéma, j’ai tendance à dire que la bande dessinée ne souffre pas de problème de cadrage. Dans un film, il est vraiment difficile de faire oublier la caméra. A l’inverse, il est plus ardu de créer une ambiance quand on s’exprime avec le dessin. Avez-vous déjà pensé, par exemple, à la place qu’occupe le son – son éloignement, sa proximité -, dans une BD… C’est une question qui n’en finit pas de me tarauder. » Riche de cette première expérience, Jean-Claude Carrière assure qu’il reprendrait bien la plume pour une nouvelle collaboration. On est preneur.
Vincent Genot
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