Le blues du thérapeute
Shrinking, énième série mettant en scène des psys, peine à se démarquer du reste de la production récente. Reste le casting…
Chacun ses marottes. Sur Apple TV+, on aime les psys. Alors après The Shrink Next Door, voici Shrinking. Le casting est tout aussi alléchant: Jason Segel (oui, Marshall dans How I Met Your Mother) et… Harrison Ford, messieurs-dames! Mais personne ici n’agitera de fouet ou de sabre-laser phosphorescent: la série suit Jimmy (Segel), psy, donc, mais aussi père d’une adolescente nommée Alice, et veuf depuis un an. Tous deux peinent à se remettre de cette perte. À son cabinet, où il exerce aux côtés de Gaby (Jessica Williams, enthousiasmante) et de Paul (Ford), son patron et mentor, il est totalement en roue libre: il brise allègrement toute règle éthique et légale avec ses patients, mais les résultats s’avèrent étonnamment positifs…
Sur le papier, le synopsis ne semble pas des plus passionnants. Qu’on se rassure, au visionnage non plus: les acteurs semblent prendre un plaisir inversement proportionnel à l’indifférence ressentie par le spectateur. Jimmy débarque à l’improviste chez une patiente atteinte de tocs, surprend un autre en pleine date Tinder, ou invite un troisième, atteint de stress post-traumatique, à squatter son abri de jardin (et le jacuzzi attenant)… Des situations peu crédibles, qui irritent à peine son boss. Un peu comme dans un album de rock trop produit, tout paraît très artificiel, et on éprouve bien des difficultés à compatir aux angoisses respectives de Jimmy et de tous les autres protagonistes, presque tous quasi-millionnaires de Pasadena, cette banlieue huppée de Los Angeles. Sans compter qu’on n’échappe pas à certaines scènes vues et revues, comme celle de l’adulte en perdition qui rebondit mollement sur le trampoline de jardin pourtant réservé aux enfants…
Comme souvent, alors qu’on était certain de réussir -les doigts dans le nez- à détester cette série et tous ses personnages, voilà qu’au fil des épisodes, à force de les “fréquenter”, on finit par s’attacher à eux. Le scénario a la bonne idée de laisser aux personnages a priori secondaires (mais peut-être plus intéressants) une place grandissante au fil des épisodes. Ainsi, outre ses collègues Gaby et Paul, que ce soit Liz, la voisine intrusive mais charmante, ou Brian, le meilleur ami gay, pénible mais fidèle, ils sont tous a-do-ra-bles. C’est qu’évidemment, les acteurs sont excellents. Jason Segel en fait peut-être un peu trop, mais Jessica Williams, on le redit, est formidable, et Harrison Ford, dans le rôle pourtant attendu du vieux psy un rien bougon, est tout simplement parfait. On ne se ravisera pas pour autant soudainement pour hurler au chef-d’œuvre. Sur Apple TV+, au rayon “série psy”, on préférera The Shrink Next Door -on se prend d’ailleurs à rêvasser à un éventuel crossover salvateur (Shrinking next door?). Mais, au vu de l’inattendu twist final, il semblerait que les scénaristes votent (prient?) plutôt pour une saison 2.
Shrinking
Une série créée par Bill Lawrence, Brett Goldstein et Jason Segel. Avec Jason Segel, Harrison Ford, Jessica Williams. Disponible sur Apple tv+.
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