Last Lastman
Pari gagné pour la bande à Vivès: en six ans, le trio aura pondu douze tomes de son manga à la française. une aventure qui restera dans les annales.
Richard est de retour dans la Vallée des Rois, mais ce sera cette fois son dernier voyage à travers l’éther. Un voyage qu’il effectue à sa manière, en ruminant pendant qu’il traverse le vortex spatio-temporel (ou un truc comme ça): » Je fumerais bien une clope! Poser mon cul au bar, mater ceux qui passent… Mais bon… ‘Y a jamais le temps de rien! Et pour couronner le tout… J’ai envie de pisser! J’suis sûr… Va pas y avoir moyen de s’arrêter deux minutes! » Les 200 pages qui suivent lui donneront hélas raison: le douzième et dernier chapitre de Lastman va le voir affronter le Premier Homme à avoir franchi la frontière d’éther, et dont les super-pouvoirs sont à la mesure des sacrifices et des torts qu’il a causés, pour ce qui reste sans doute le plus gros et le plus long des combats de la série, avec le climax et les émotions qu’on est en droit d’attendre. Ce Lastman, douzième du nom, clôture, plus ou moins, une aventure éditoriale qui, en six ans, aura vraiment fait bouger les lignes de la BD franco-belge.
Us japonais, esprit français
Un shonen à la française (entendez une BD proche dans la graphie et les codes des mangas destinés principalement aux garçons de 8 à 18 ans), réalisé en studio, pensé dès sa conception pour d’éventuelles déclinaisons en jeu vidéo, animation et spin off. En 2013, on en a vu ricaner lorsque Casterman et son nouveau directeur éditorial Benoît Mouchart ont annoncé un tel projet. Deux mille cinq cents planches plus tard, plus personne ne rigole: la série a tenu ses promesses (deux albums par an), le trio Balak-Vivès-Sanlaville a réalisé des merveilles, et tous les produits dérivés ont bel et bien vu le jour. Surtout, cette nouvelle forme de BD, nourrie aux références internationales et créée à plusieurs percole désormais chez tous les autres éditeurs. Bastien Vivès, lui, est bien décidé à passer à autre chose, comme il nous l’expliquait déjà à la sortie du tome 10: » Le douzième tome sonnera la fin. On y aura passé cinq ans, une grosse partie de notre vie. Mais il y aura des spin off, des one shot réalisés par d’autres qui feront le lien entre la BD et l’animation, des sortes de Contes de la Crypte à notre sauce. Et si un jour on y retourne, ce sera pour tout détruire, comme George Lucas! » Si la série-mère s’arrête donc sur d’inévitables sacrifices et, quand même, une fin relativement ouverte, Lastman est en effet, désormais, une marque qui peut se passer -mais pour combien de temps?- de ses auteurs originels. Chapeau, messieurs!
Lastman – t. 12
de Balak, michaël Sanlaville et bastien Vivès, éditions Casterman. 216 pages.
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