L’Assiette du chat ****
L’assiette du chat, c’est celle dont personne ne veut. Surtout pas les enfants -Frédéric Vitoux, ses frère et sœur, qui trouvent là prétexte à chamailleries. Un jeu autant qu’une posture car, en vérité, aucun d’entre eux n’a connu Fagonnette, la chatte disparue au cœur de l’enfance du père, suspectée d’être responsable de son asthme. À partir de ce mince souvenir, Frédéric Vitoux interroge le rapport aux aînés, les silences insistants de parents et grands-parents disparus derrière le voile d’une pudeur extrême. Connaît-on jamais ses proches? “Pour s’entendre avec quelqu’un, il faut commencer d’abord par se parler.” Dans cette assiette d’autrefois, recueil de souvenirs à bas bruit, point de paradis doucereux. La langue subtile progresse à pas de velours, joue avec la pelote des réminiscences pour mesurer ce qui s’est perdu, détricote les zones d’ombre où nichent les secrets de famille. Surgissent Clarisse, amoureuse éperdue de la grand-mère, ou encore Odette, fille de la domestique et mystérieuse “sœur de lait” d’un père muré dans la forteresse de ses émotions. Au gré des haltes capricieuses de la mémoire, le lecteur découvre dans la soucoupe l’obole d’une incrédulité heureuse. “(…) on finit tôt ou tard par devenir orphelin. On se permet d’ouvrir les portes dérobées.”
De Frédéric Vitoux, éditions Grasset, 176 pages.
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