L’animal en Cage

© Pig

Nicolas Cage fait l’agneau et le loup dans deux films récents entièrement au service de son talent.

C’était l’une des toutes bonnes surprises cinéma de l’année passée. Désormais disponible en Blu-ray, Pig, le premier long métrage aussi déroutant qu’inspiré du jeune réalisateur américain Michael Sarnoski, présente Nicolas Cage en homme des bois crasseux et renfrogné, vivant en marginal dans la nature sauvage de l’Oregon. Mais le jour où on lui dérobe sa fidèle truie truffière, ce grand gaillard cabossé est contraint de se rendre en ville pour réclamer ce qui lui appartient et se confronter à son douloureux passé. Le point de départ d’un gros défouloir vengeur? Au contraire: déjouant toutes les attentes, Pig choisit plutôt d’emprunter la voie de l’émotion, d’une pure introspection même qui invite avec tendresse son protagoniste sur le chemin, sensuel et caressant, de la rédemption. L’occasion pour Cage de renouer avec le meilleur de son talent en ogre lourd et lent capable de beaucoup de délicatesse, ce récit de deuil méta semblant autant -sinon plus- chercher à panser les plaies du célèbre comédien lui-même que celles du personnage qu’il incarne à l’écran.

L'animal en Cage

Aux antipodes de cet objet étonnant et singulier, Prisoners of the Ghostland, le dernier long métrage en date du très subversif réalisateur japonais Sion Sono ( Love Exposure), donne quant à lui à voir un visage plus familier de Nicolas Cage: celui de ses excès, improbables pétages de plombs en option. Entre western post-apocalyptique stylisé, film de samouraïs teinté de surnaturel et Mad Max orientalisant pratiquant un humour régressif souvent complètement crétin, le film, assez erratique dans sa narration, suit la trajectoire d’un criminel notoire envoyé sous la contrainte au secours d’une jeune femme kidnappée en plein coeur d’un territoire désolé et maudit où domine l’enfer nucléaire. Si on se désintéresse assez rapidement d’une intrigue confuse qui oscille en permanence entre premier et 36e degré, héroïsme à l’ancienne et invraisemblable déconne pop, ce gros fourre-tout gentiment délirant vaut surtout pour l’outrance peu commune de certaines de ses situations. Et plus encore, bien sûr, pour les tonitruants coups d’éclat de Nicolas Cage. Qu’il pousse des jappements de hyène affolée après s’être fait éclater un testicule ou latte des zombies-fantômes façon cour de récré et jeu vidéo, l’acteur américain, les fesses impudiquement à l’air ou en combi fétichiste chargée d’explosifs, s’en donne en effet, pour le coup, à coeur joie, éructant, grimaçant et faisant rouler ses yeux fous, en surjeu total.

L'animal en Cage

1: Pig

De Michael Sarnoski. Avec Nicolas Cage, Alex Wolff, Adam Arkin. 1 h 32. Dist: Remain in Light.

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2: Prisoners of the Ghostland

De Sion Sono. Avec Nicolas Cage, Sofia Boutella, Bill Moseley. 1 h 43. Dist: Remain in Light.

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