La Patience des traces
Installé devant la mer, la vraie, et celle de l’inconscient de ses patients, Simon Lhumain est bien décidé à quitter pour quelque temps les rivages de l’analyse des autres pour se consacrer à la sienne. Pas une thérapie en soi, plutôt un laisser-aller, un laisser-porter par le courant de son propre inconscient, et faire revenir peu à peu à la surface le traumatisme adolescent d’une trahison, d’une déception amoureuse et d’une disparition. Parti sur une île nippone pour un retour à la vie d’avant la langue -puisque Simon ne comprend ni ne parle japonais-, il contemple le quotidien de ses hôtes, un vieux couple irradiant de sérénité, amoureux et aimant. Daisuke a dédié sa vie à la poterie, Akiko à la recherche de textiles précieux: deux pratiques tactiles et organiques où la recherche d’épure et celle de la beauté fusionnent. Dans sa quête, Simon s’ébroue de la complexité des jugements pour mettre enfin corps et esprit en accord. Jeanne Benameur signe un roman d’une écriture élaguée, limpide, loin de l’emphase parfois bourdonnante de son livre précédent. Et si le psychanalyste veut voir » la vie plus inventive que les romans« , la romancière, par son propos et son style, parvient pour sa part à transposer dans les mots l’art du Mingei, tout en secouant l’humain en chacun de nous.
De Jeanne Benameur, éditions Actes Sud, 208 pages.
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