Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

LA TRÈS SOLIDE SÉRIE DE TERRENCE WINTER S’ARRÊTERA TRÈS BIENTÔT. SANS JAMAIS AVOIR SUSCITÉ L’ENTHOUSIASME QU’ELLE AURAIT ASSURÉMENT MÉRITÉ.

Boardwalk Empire – saison 4

UNE SÉRIE HBO CRÉÉE PAR TERRENCE WINTER. AVEC STEVE BUSCEMI, PATRICIA ARQUETTE, JEFFREY WRIGHT. COFFRET 4 DVD. DIST: WARNER.

8

On s’achemine tout doucement vers la fin des haricots pour Boardwalk Empire, l’une des séries les plus abouties de la dernière décennie. Cette saison 4, empaquetée dans un coffret DVD assez pauvre en bonus, ne sera suivie que par une dernière fournée d’épisodes, lancés dans les jours qui viennent sur HBO. Drôle de destin que celui du front de mer d’Atlantic City, tant le lancement de la série, en 2010, avait suscité les attentes et réussi la gageure de les combler avec panache. Martin Scorsese en personne s’était chargé de mettre en images un pilote hors de prix, ouvrant une sorte de charte de qualité à laquelle la série restera toujours fidèle, tant au rayon esthétique qu’au niveau d’un scénario dense porté par un casting impeccable. Steve Buscemi, qui campe toujours aussi magistralement le caïd de la pègre locale Nucky Thompson, était d’ailleurs reparti des Golden Globes 2011 avec une statuette récompensant sa performance sobre et millimétrée, tandis que Terrence Winter (l’un des scénaristes des Sopranos, auteur par ailleurs de l’explosif script du Loup de Wall Street), le fer de lance du show, s’emparait du même trophée dans la très compétitive catégorie de la meilleure série dramatique. Et puis, plus grand chose, ou presque. Comme si cette superbe reconstitution du crime organisé américain en pleine Prohibition, très librement inspirée du roman Boardwalk Empire: The Birth, High Times and the Corruption of Atlantic City, avait gagné ce qu’elle avait à gagner, poursuivant son pourtant très flamboyant bonhomme de chemin dans une indifférence aussi généralisée qu’incompréhensible. Succès critique, sans provoquer l’hystérie (on ne parle jamais de Boardwalk comme de Breaking Bad ou même de Game of Thrones), la série n’a jamais explosé l’audimétrie locale de HBO, malgré des résultats honnêtes. La faute, probablement, à une intrigue très éclatée, complexe, faite de lignes narratives indépendantes, de personnages forts (notamment l’inoubliable Harrow, tueur impitoyable au visage arraché par la guerre), mais pas toujours très lisible, voire très rythmée. Comme une sorte de Game of Thrones vidé de sa substance racoleuse.

Dans cette saison 4, Nucky, de plus en plus las, tente de recoller les morceaux avec les chefs de la pègre américaine, d’Arnold Rothstein à Lucky Luciano, en passant par Joe Masseria ou Al Capone. L’ascension de Capone, comme celle d’un certain J. Edgar Hoover, d’ailleurs, fait partie des enjeux majeurs d’une saison moins agitée que la précédente. Exit l’hallucinant Bobby Cannavale, récompensé par un Emmy, et qui campait un méchant plutôt terrifiant: Geoffrey Wright (Shaft, Ali, Casino Royale…) lui succède avec plus de flegme, mais moins de folie dans le rôle du Dr Narcisse, héraut de la cause noire et caïd d’Harlem. Solide, mais plus aussi survoltée que la précédente, cette saison 4 reste quand même perchée bien haut sur l’échelle des séries de qualité. A voir, donc.

GUY VERSTRAETEN

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