SÉRIE AMAZON CRÉÉE PAR ROMAN COPPOLA ET JASON SCHWARTZMANN. AVEC GAEL GARCIA BERNAL, LOLA KIRKE, MALCOLM MCDOWELL.
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Après la très acclamée Transparent, la plateforme web Amazon enfonce le clou avec Mozart in the jungle, toujours selon la même procédure: proposer un pilote, attendre les réactions, et produire une saison complète en fonction. Livrée fin décembre 2014, près d’un an après son pilote, Mozart in the jungle débarquait auréolée d’un sacré casting, tant à la table d’écriture que devant la caméra. Trois ans après la fin de la très culte Bored to death, Roman Coppola et Jason Schwartzmann revenaient avec une nouvelle comédie low-fi et futée. Complice habituel de Wes Anderson, le duo adapte ici le roman de l’hautboïste Blair Tindall, Mozart in the jungle: Sex, drugs and classical music. Un menu qui, comme on l’imagine, implique une percée dans l’univers de la musique classique, appréhendé ici par l’entremise de Hailey Rutledge (Lola Kirke, soeur de l’une des quatre filles de Girls), hautboïste de talent à qui s’ouvrent les portes de la prestigieuse New York Symphony. Cet orchestre, c’est l’autre point d’accroche de la série: anciennement dirigé par Thomas Pembridge (Malcolm McDowell), le voilà qui fait peau neuve en accueillant à sa tête un nouveau maestro, le jeune et surdoué Rodrigo (Gael Garcia Bernal). Et c’est la vie de l’équipe, ses histoires de coeur et d’ego, mais également sa direction artistique, que l’on va suivre pendant dix courts épisodes.
Tout n’est pas réussi dans Mozart in the Jungle. Le pilote, notamment, sent l’artifice: interchangeable, le milieu de la musique classique y est dépeint comme un nouveau summum du cool, où des battles de flûte, shots d’alcool à la clé, sont organisées dans les mêmes appartements à proto-hipsters que dans How to make it in America, par exemple. Le coup du « c’est trop la teuf, on met du Bizet à fond » sonne un peu fake. Quant au cabotinage de McDowell, il n’aide pas vraiment non plus. Pour autant, traitée avec plus de légèreté que dans Whiplash, la vie l’orchestre finit par se révéler intéressante au fur et à mesure que les enjeux s’épaississent. Et c’est du personnage de Rodrigo, rock-star de la baguette, que vient la lumière: beau, honnête, juste, fantasque, droit, courageux, tendre, respectueux, aventureux, il n’est que qualités. S’il peine à s’extraire de la caricature dans un premier temps, Gael Garcia Bernal trouve la note juste en cours de route avec ce personnage profondément lumineux: c’est cette trouvaille qui donne à la série son supplément d’âme.
GUY VERSTRAETEN
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