A nous la victoire – Sport et politique font bon ménage dans ce film humaniste où Nelson Mandela use du rugby pour fédérer l’Afrique du Sud par-delà les divisions raciales.
De Clint Eastwood. Avec Morgan Freeman, Matt Damon, Scott Eastwood. 2 h 12. Sortie: 13/01.
« Je suis le maître de mon destin, je suis le capitaine de mon âme. » Ces mots concluent Invictus, le poème de William Ernest Henley dans lequel Nelson Mandela puisa l’inspiration pour résister durant ses longues années d’emprisonnement. Un texte dont l’ex-détenu devenu le président de l’Afrique du Sud allait se servir plus tard pour galvaniser l’équipe de rugby alors bien poussive de son pays en pleine reconstruction. Peu féru de ballon ovale, Mandela s’était jusque-là montré supporter de toute nation confrontée aux Springbocks, team composé de joueurs Afrikaners et identifié à la politique d’apartheid. Certes, au moment où il la voit subir une mémorable dégelée contre l’Angleterre, l’équipe comporte un joueur noir, Chester Williams. Mais si le leader élu dans les premières élections au suffrage universel qu’ait connu l’Afrique du Sud s’intéresse soudain au sort d’une formation à la dérive, c’est avec une idée particulière en tête. Contre l’avis de son entourage et des nouveaux responsables sportifs qui entendent carrément supprimer les Springbocks et leur tenue vert et or, il voit dans cette équipe un vecteur potentiel de réconciliation (à l’intérieur) et de fierté nationale (à l’étranger). La perspective de jouer et de gagner la Coupe du Monde, devant plus d’un milliard de téléspectateurs, pesant lourd dans la balance…
Riche de sens
Comment Mandela s’y prendra, comment il gagnera à sa cause le capitaine des Springbocks François Pienaar, enverra les rugbymen enseigner leur sport aux gamins des townships (bidonvilles), puis se ressouder et se mettre à vaincre, poussés par une vague de ferveur populaire, Invictus le narre de captivante façon. La structure éminemment classique du film porte crescendo l’espoir d’un homme politique bien décidé à gouverner, envers et contre tout, et que Morgan Freeman incarne de formidable façon. Très impliqué dans un projet dont il est aussi le coproducteur, le grand comédien exprime à merveille la résolution de Mandela, mais aussi sa poignante solitude. Derrière la caméra, Clint Eastwood s’efface au profit de son sujet. Il traite avec humour les rapports entre gardes du corps (noirs et blancs) du Président, et avec une belle efficacité les scènes de match. Il réussit notamment à rendre passionnant le déroulement d’une finale fermée, décevante sur le plan du rugby mais si riche en signification!
http://wwws.warnerbros.fr/invictus/
Louis Danvers
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