Prends ça, Hitler! – Tarantino se paye la tête (et la peau) du Führer, mais pas celle du spectateur, avec un film aussi culotté que jouissif et nourri de clins d’oil cinéphiles.
De Quentin Tarantino. Avec Brad Pitt, Christoph Waltz, Michael Fassbender. 2 h 32. Dist: Universal.
Quand Tarantino passe le film de guerre à sa moulinette hilarante, violente et cinéphile, le résultat décoiffe! Bien sûr quelques grincheux diront que le cinéaste se soucie de la vérité historique comme d’une guigne (mais quel spectateur va croire qu’Hitler est mort dans un cinéma parisien?!), et qu’on ne saurait rire de tout (mais quid alors de Lubitsch et de son génial To Be Or Not To Be réalisé en pleine Seconde Guerre mondiale?!). Mais pas de quoi gâcher le plaisir fou pris à regarder encore et encore ce formidable divertissement qu’est Inglourious Basterds! Brad Pitt y incarne un officier américain chargé d’emmener un commando de soldats juifs faire la guérilla en France occupée. Ils y combattront les Allemands selon la technique des Indiens Apache, prise de scalps y compris! Tandis qu’ils progressent en terrifiant l’ennemi, nous suivons simul- tanément une jeune femme juive (Mélanie Laurent) réchappée du massacre de sa famille et dont le cinéma parisien a été sélectionné par Goebbels pour accueillir la grande première d’un film à la gloire d’un tireur d’élite allemand. La salle se verra choisie par la Résistance pour y faire un « carton » de dignitaires nazis, auquel s’ajoutera, cerise imprévue sur le gâteau, un certain Adolf H. qui s’en trouvera bien marri… La verve et l’énergie déployées par Tarantino et ses interprètes sont très spectaculaires. Les libertés prises avec l’Histoire confirment l’audace du cinéaste, dont le cocktail d’humour, de violence et d’hommages cinéphiles (à Sergio Leone, Robert Aldrich et Samuel Fuller notamment) fait mouche à tous les coups. Les bonus réunis dans l’édition spéciale en Blu-ray Disc ne sont pas en reste d’excellence. On peut y voir, notamment, l’intégralité du (faux) film allemand de propagande en noir et blanc prévu pour la première et où l’on voit Daniel Brühl décimer à lui tout seul l’armée américaine. Lequel film fait aussi l’objet d’un making of. Une interview avec Brad Pitt amène une formule choc: « Le plateau est l’église, Quentin est Dieu, le script est la Bible! » Des scènes coupées ou alternatives viennent titiller la curiosité, tandis que Rod Taylor (qui joue Winston Churchill) apparaît pour un « témoignage » étonnant. D’autres documentaires illustrant le travail de Tarantino venant compléter le – passionnant – tableau.
Louis Danvers
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