RENCONTRE AVEC UN HOMME SIMPLE AU REGARD MALICIEUX ET AU LANGAGE CAUSTIQUE, PROCHE DE SES ÉCRITS…
Très connu en Hollande pour ses émissions satiriques, ses shows télévisés de 1990 à 2005 et ses chroniques dans la presse écrite, Herman Koch, 57 ans, d’origine néerlandaise, a été acteur pendant 15 ans et a écrit plusieurs romans à l’ironie grinçante. La consécration lui vient avec Le dîner ( lire la critique page 43), élu livre de l’année aux Pays-Bas (400 000 exemplaires vendus!) et traduit en 15 langues. C’est son 1er roman à paraître en français. Il est en cours d’adaptation théâtrale et intéresse déjà un producteur de cinéma.
Super défi
« J’aime déstabiliser mes lecteurs, leur faire perdre pied avec des personnages qui, eux-mêmes, s’égarent parce qu’on leur a volé leurs rêves. Ils sont dans leur monde, comme moi, et avancent parfois sans voir venir le danger. Mais j’ai un fils de 16 ans et le sens des réalités! J’ai de très bons rapports avec lui. Je suis un père assez protecteur. Je serais capable de tout pour le sauver s’il faisait des bêtises, ce qui ne veut pas dire que je cautionnerais ses actes. « Son fils lit-il ses livres? » Non, mais il est content que je sois devenu célèbre. Ses copains lui parlent de moi à l’école. »
Koch explique avoir de la sympathie pour les personnages qui ne se maîtrisent pas. Il aime leur fragilité parce qu’elle est humaine. Et les femmes? Qu’en pense-t-il, lui qui est marié à une Espagnole? » J’estime qu’elles n’ont pas souvent leur mot à dire au niveau social, mais que dans leur foyer, ce sont elles qui décident. »
Pour Herman Koch, écrire est-il un moyen d’échapper aux problèmes ou, au contraire, de touiller dedans comme dans une bouillabaisse afin d’y voir plus clair ? » Ni l’un, ni l’autre. Je ne vois pas dans l’écriture un moyen de résoudre mes problèmes, mais plutôt un défi et j’aime être surpris par mes personnages qui, parfois, m’échappent. J’aime beaucoup cette phrase de Stephen King: « Je ne sais jamais qui est l’auteur du crime, sinon le lecteur le saura à l’avance aussi. » »
» Les secrets ne sont pas un obstacle au bonheur« , écrit-il dans son dernier livre. Et de préciser: » On n’a pas besoin de savoir tout de l’autre pour être heureux. Mais si la fidélité fait partie du bonheur, il ne faut pas la remettre en cause. Il faut savoir pardonner aux autres et à soi-même. »
Les autres, parlons-en. Rompant avec l’image de l’écrivain ermite, Koch dit aimer par-dessus tout » être avec les gens. Mais j’apprécie aussi la solitude. Je déteste les obligations, comme aller à des cocktails ou à un dîner. Dans ces moments-là, j’ai envie de balancer mon insulte préférée: motherfucker! »
Il aurait aimé être chômeur pour avoir le temps d’écrire. Surtout pas chirurgien et encore moins dentiste car il déteste le bruit de la fraiseuse! Ce qui l’apaise? » La musique des vagues… avec, au loin, le bruit de balles de tennis. » Il est temps pour nous de le quitter, non sans lui demander sa dernière volonté: » Rencontrer Dieu et l’entendre me dire: désolé, j’existe vraiment! »
HERMAN KOCH, LE DÎNER, ÉDITIONS BELFOND, 336 PAGES.
NADINE MONFILS
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