Leur film fascinant, Où est la main de l’homme sans tête, sort enfin, et exprime le talent prometteur des frères, cinéastes à suivre.
Où est le film des frères Malandrin? Où est donc passé Où est la main de l’homme sans tête(1)? Durant de longs mois, on a pu se poser la question, tant la sortie du pourtant fort intéressant long métrage du tandem français installé en Belgique se voyait repoussée et encore repoussée dans le temps… C’est dire le soulagement de Guillaume et Stéphane! Les frangins peuvent même se dire que si Cécile de France, leur principale interprète, était déjà une star au moment du tournage, celui qui joue son père, Ulrich Tukur, a pris dans l’intervalle une dimension de vedette avec Séraphine. Tandis que Bouli Lanners voyait sa stature de comédien et de réalisateur grandir elle aussi! Cela faisait de toute façon quelques temps que les Malandrin avaient pris le parti d’en rire. L’humour, ça les connaît, et le sens de l’absurde aussi, comme en témoigne le titre nonsensique et savoureusement énigmatique de leur film. Où est la main de l’homme sans tête, sans point d’interrogation, fait déjà mouche en France où sa sortie toute récente a été accueillie très positivement par la critique, des Inrockuptibles à Paris Match en passant par Libération. Comme quoi il est parfois bon de savoir attendre.
Direction Koekelberg
Comme dans leur premier film, l’attachant ça m’est égal si demain n’arrive pas, le thème de la filiation, du rapport entre deux générations, s’impose en fil rouge. » C’est en effet quelque chose qui nous intéresse beaucoup, et qui était déjà présent dans notre court métrage Raconte. Que donnons-nous à nos enfants, que leur transmettons-nous? C’est un sujet crucial entre tous, et qui n’a pas fini de nous intéresser. La cellule familiale, le sac de n£uds qu’on peut y trouver, tout ce qui s’y répète d’une génération à l’autre, c’est un réservoir d’histoires quasi inépuisable… » Dans leur nouveau film, les Malandrin mêlent un sujet intimiste (les rapports d’une jeune sportive avec son père dominateur et son frère artiste) à une atmosphère riche en mystère, menant aux lisières du thriller et d’un certain fantastique. » Le climat s’est imposé d’emblée, expliquent les frères , quand s’est imposée comme cadre essentiel la basilique de Koekelberg. C’est elle, le personnage principal! » Français immigrés à Bruxelles, Guillaume et Stéphane donnent du bâtiment, et de la ville aux alentours, une image jamais vue précédemment. » Cette perspective différente nourrit une tension qui a mené tout droit à l’envie de faire un film d’angoisse, un thriller, poursuivent les Malandrin , tant cette basilique nous semblait tout droit sortie d’un film d’Alfred Hitchcock… »
Même l’idée de faire de l’héroïne une plongeuse de haut vol est venue de la basilique et de ses hauteurs, confient des cinéastes dont le flair visuel n’est pas la moindre qualité. A découvrir dans un film qui fascine et distille une ambiance à la fois visuellement captivante et prenante émotionnellement. A découvrir (enfin!) sur nos écrans à partir du 17 juin.
u (1) voir la critique du film page 29.
Louis Danvers
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