Florida ***1/2
“Avant la disparition des trois millions de dollars, avant l’attentat et la chasse à l’homme qui paralysèrent Miami à la fin du mois d’avril 1984, Bobby West et la femme qui n’était pas son épouse, se trouvaient nus sous la douche.” Rare sont les (jeunes) auteurs qui osent le spoil dès l’incipit de leur polar, mais Jon Sealy est de ceux-là! Et de fait, sa descente aux enfers floridiens va oser une narration en allers-retours qui n’enlève rien à sa tension ou sa complexité: Bobby West, gérant d’une vitrine de la CIA, se lance dans une opération de blanchiment d’argent avec des barons de la drogue pour renflouer ses comptes. Mais c’était sans compter sur sa fille de 17 ans qui fugue avec son cash, et un boyfriend ramassé la veille. Le début d’un sac de nœuds plus tragique que clinquant, et d’un portrait sans fard de la Floride des eighties, décennie de tous les excès -“Ce n’étaient pas les États-Unis. C’était une terre étrangère. Un État aux confins, un appendice isolé du reste de l’Amérique, peuplé de personnes âgées et d’anciens taulards. D’exilés cubains, d’immigrés haïtiens et de trafiquants colombiens”- et en particulier de Miami, une ville “pleine de gangsters, de terroristes, de réfugiés, de malfrats, de vautours, de casseurs de genoux, de trafiquants de drogue, d’assassins, d’espions, de mécréants et de vagabonds”. Et pas de bol pour le pâle Bobby West: “Il y était une cible, à la croisée de toutes les hostilités”.
De Jon Sealy, éditions Les Arènes/Equinox, traduit de l’anglais (États-Unis) par Mathilde Helleu, 432 pages.
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