Fille en colère sur un banc de pierre
Le nouveau roman de Véronique Ovaldé (Ce que je sais de Vera Candida, Personne n’a peur des gens qui sourient) se niche à Iazza, îlette aux abords de la Sicile. Au sein de ce microcosme régi par des codes ancestraux et des hiérarchies de clans aliénants (en particulier pour les femmes), la narratrice omnisciente pose sa loupe (de celles qui veulent tout -parfois trop- embrasser) sur une famille au point de bascule, les Salvatore, avec leur ribambelle de filles nommées d’après des opéras: Violetta, Gilda, Aïda et Mimi. Cette dernière, bambine, frôle souvent le danger, jusqu’au jour où, voulant à tout prix accompagner Aïda à la fête foraine, elle disparaît pour de bon. L’harmonie se fissure, le père bat froid à son entourage et, en pleine anhédonie, se met à peindre des croûtes. Celle qui est jugée responsable de n’avoir pu protéger sa benjamine est priée par Silvia, la mère, de partir à Palerme. Mais des années plus tard, au décès du patriarche, Gilda et Violetta ne peuvent se résoudre à ignorer leur sœur exilée, même si elles sont conscientes qu’elles remettent là une allumette sur des braises jamais éteintes. Quels autres secrets inextricables les menacent? Avec son bagout corsé en apartés et son humour, Ovaldé tient serré le nœud de cette tribu entre “aime” et “haine”.
De Véronique Ovaldé, éditions Flammarion, 320 pages.
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