Faites un vœu
Depuis 2019, et surtout durant cette maudite pandémie, les chroniques de Jakuta Alikavazovic dans Libération devinrent pour certains aussi essentielles que les commerces alors désignés comme tels. “Des points lumineux dans l’obscurité de l’époque”, disait-elle espérer à Lire Magazine Littéraire. Écrites à la première personne mais en rien ramenardes, à la fois intimes, donc, et universelles, ces chroniques voyaient l’autrice de Comme un ciel en nous deviser avec clairvoyance sur l’actu plus ou moins brûlante. Le coronavirus, bien sûr, mais pas que: sans elles, on aurait certainement oublié Margaret Nolan, James Bond girl dorée, ou fait peu de cas de ces ciels pollués paradoxalement beaux, et la nécessité afférente du “renouvellement de nos imaginaires, rongés par la logique spectaculaire du capitalisme”. Jakuta Alikavazovic a eu l’audace d’y évoquer ses doutes, ses créations très personnelles comme son improbable “Institut alsacien de vandalisme comparé”, ou l’insoupçonnable et délicieuse “charge poétique de la chroniqueuse”. Elle a su aussi faire preuve d’une froide lucidité, comme dans ce texte glaçant sur l’interdiction de l’avortement aux États-Unis. On pensait que ce recueil sonnait le glas de ces chroniques sacrées, mais non, Libé a eu la divine idée de faire rempiler Jakuta pour un nouveau mandat.
De Jakuta Alikavazovic, éditions de l’Olivier, 144 pages.
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