Éloge de Marcel Broodthaers

Des grandes figures de la psychanalyse contemporaine, il est un trait qui distingue notre compatriote Yves Depelsenaire: le sens de la clarté. Ses écrits, qu’ils soient consacrés à la guerre ( L’Envers du décor, Cécile Defaut, 2013), à l’art ( Un musée imaginaire lacanien, La Lettre Volée, 2008) ou aux figures de Lacan et Kierkegaard ( Une analyse avec Dieu, La Lettre Volée, 2004), se laissent lire avec la délectation délicate et amusée qu’il y a à participer à une conversation brillante. Son petit Éloge de Marcel Broodthaers, à la fois rapport d’une relation ancienne à l’oeuvre du plus singulier des artistes belges et traversée cursive d’une oeuvre hantée par la notion de « sujet », ne déroge pas à la règle. Au fil d’analyses caressant les créations plutôt que ne cherchant à les épuiser, Depelsenaire traque les correspondances, les analogies, les signes qui permettent de sauter de l’une à l’autre pour mieux en faire ressentir la participation à un système -mais un système absent, négatif, en creux. Lequel? Celui de la poésie, suggère Depelsenaire, qui vient contrebalancer tout ce qui, dans l’art, tend à se transformer en machine trop efficace, dont la plus visible est celle de la marchandisation. Éloge du gratuit autant que de Broodthaers, son livre est donc aussi une méditation, aussi élégante que discrète, sur ce qui reste quand le sujet, maître de la machine, a disparu.

D’Yves Depelsenaire, éditions La Lettre Volée, 80 pages.

7

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content