Electric Lady
Repérée à 15 ans par Missy Elliott au milieu des années 90, la trop rare Nicole Wray est de retour avec un album aux charmes vintage.
Elle apparaît sur les premiers albums de Missy Elliott, qui lui a fait signer son premier contrat. Elle a décroché un tube, Make It Hot, en 1998, produit par Timbaland, et a tapé dans le r’n’b avant de signer sur l’un des plus gros labels de hip-hop américain (Roc-A-Fella Records, cofondé par Jay-Z). Nicole Wray a aussi rappé avec Ol’ Dirty Bastard, chanté sur le Blakroc des Blacks Keys comme Mos Def, Q-Tip, RZA… Et même joué à la choriste pour Lee Fields. Née le 2 mai 1979 à Salinas, Californie, et élevée en Virginie, Nicole Monique Wray est tout sauf une inconnue ou un oiseau tombé du nid. Elle baigne dans le métier depuis pratiquement 25 ans, a un joli CV et un carnet d’adresses à faire baver les plus bling-bling. Néanmoins, le parcours fut chaotique. Wray avait tout pour dominer le monde, caracoler en tête des charts et devenir une diva à la Beyoncé. Elle a cependant disparu de la circulation au début des années 2000. Trop jeune. Trop timide. Barrée par une maison de disques obligée de fermer ses portes et minée par des problèmes familiaux.
Fin de parcours, triste dénouement au conte de fées? C’eut pu. Mais après le strass, les paillettes et le Billboard, l’Américaine a fini par changer son fusil d’épaule, prendre le contrôle de sa carrière et suivre la voie des musiques indépendantes. Bye bye les chansons des autres, les chorégraphies et les gens qui décident pour elle. En 2012, Nicole fait équipe avec la chanteuse de r’n’b britannique Terri Walker. Le duo se la joue rétro et s’appelle Lady. Et quand quelques mois après la sortie de l’album du même nom sur le label Truth and Soul, son binôme décide à l’amiable de déjà s’en retourner à sa carrière solo, Wray s’obstine et embauche des choristes pour les concerts. Elle deviendra par la suite Lady Wray.
Kid Cudi, Jim Jones, Gucci Mane…
Produit par Leon Michels et Thomas Brenneck (Sharon Jones, Charles Bradley…) qui l’encouragent à être elle-même, Piece of Me s’inscrit dans la lignée de Queen Alone, déjà sorti en 2016 chez les esthètes new-yorkais du label Big Crown. Wray a commencé à chanter à l’église, et il y a définitivement de ça dans son nouveau disque. Le souvenir de la chorale du dimanche. La volonté d’aider et de soigner avec cette voix époustouflante qui ferait chavirer les âmes insensibles et fondre les coeurs de pierre.
Guitare, basse, batterie, piano. Inspiré par la maternité (Nicole vient aussi de se marier), Piece of Me a le grain et le savoir-faire. Chaleureux, classe et groovy, il se situe à la croisée de la soul, du r’n’b et du rap. Il fait écho aux heures de gloire de la Motown et de la Stax, et de l’oeil aux fans d’Amy Winehouse, d’Aretha Franklin et des Jackson 5. Aperçue aux côté de Kid Cudi, de Jim Jones, de Gucci Mane, la quadragénaire étincelle sur un album aux textures analogiques qui s’apparente à une collection de singles.
Lady Wray
« Piece of Me »
Distribué par Big Crown/Konkurrent.
8
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