Dirty Lines

3615 Monique sans Minitel mais avec des téléphones, à Amsterdam plutôt qu’en région parisienne… C’est à peu près ce que propose Dirty Lines. Cette nouvelle série néerlandaise conte les prémices du fameux téléphone rose. Pieter Bart Korthuis s’inspire du livre de Fred Saueressig, 06-Cowboys, qui retrace l’histoire vraie de George et Harald Skene. Au milieu des années 80,les deux frères créèrent la toute première société de téléphone rose d’Europe, Teleholding. La série débute en 1987, mais c’est de notre époque 2.0 que les faits sont exposés. C’est donc avec un recul salvateur (et un humour bienvenu) que Marly nous raconte son histoire: celle d’une étudiante qui pour financer son départ du cocon familial suit le conseil de son amie Janna de postuler chez Teledutch, la toute nouvelle entreprise de relation sexuelle en ligne (par téléphone). Comme on s’y attend, la très prude Marly va s’émanciper, et la série de s’avérer pour elle une sorte d’ Éducation sentimentale moderne. Grisé par le succès de sa petite entreprise, Frank, le plus excentrique des frères Stigter (les Skene dans la série), va voir les choses en grand, un peu à la manière d’Adam Neumann de WeWork (regardez pour comprendre WeCrashed sur Apple TV+), sans se soucier d’éventuelles conséquences (ou de la TVA…). Et, oui, on verra beaucoup de sexe à l’écran… Mais en ancrant son récit dans le contexte socio-historique de l’époque, Dirty Lines innove vraiment: on y assiste à l’arrivée d’une nouvelle musique, la house, mais aussi des nouvelles drogues qui l’accompagnent, dont l’ecstasy. Ailleurs en Europe, un parfum de révolution flotte dans l’air et le mur de Berlin est sur le point de tomber. Au son de la voix de Marly, des images d’archives défilent. Tout aussi étonnant et judicieux, elle surgit face caméra, parfois aux côtés de Janna, pour expliquer un aspect de la sexualité féminine méconnu et tout juste évoqué dans la série. Une bonne surprise venue des Pays-Bas!