Depeche Mode
Memento Mori ***1/2
À l’heure où certains de ses contemporains ronronnent en reprenant leur ancien répertoire en version acoustique (kikou U2), Depeche Mode sort un nouvel album de titres originaux -le quinzième d’une discographie qui, en 40 ans, a forcément connu des hauts et des bas, mais a réussi à éviter facilités et moments gênants. Pas mal pour un groupe qui a souvent paru au bord de gouffre. Ce fut encore le cas cette fois-ci. Pour cause: en mai 2022, Andrew Fletcher décédait d’une dissection aortique, âgé d’à peine 60 ans. Certes, à côté de Martin L. Gore et Dave Gahan, “Fletch” n’a jamais vraiment beaucoup pesé musicalement -il était le premier à le revendiquer, avouant même, pince-sans-rire, ne jouer que très vaguement sur scène. Par contre, à défaut d’être un rouage indispensable, il n’a cessé de mettre de l’huile dans la machine, servant de courroie de transmission indispensable entre ses deux camarades.
Après sa disparition, Gahan et Gore ont donc dû réapprendre à communiquer entre eux. Ce qui, sur Memento Mori, crée ici et là une nouvelle dynamique (le lynchien Soul with Me), à défaut de nouvelles thématiques. À l’instar du titre -“souviens-toi que tu vas mourir”, choisi avant le décès d’Andy Fletcher-, DM continue de creuser une veine sombre et torturée, quasi “doomesque” par moments (Speak to Me). Il y a bien une tentative de tube, la première depuis un moment, via le single Ghosts Again. Pour le reste, le désormais binôme rumine surtout ses idées noires. Près de quatre décennies après avoir fait semblant de ne pas comprendre (“Help me understand”, suppliait Gore sur People Are People), People Are Good sonne comme une version indus désenchantée du hit précité. Les sonorités électroniques sont connues, parfois clairement liées à une certaine époque. Que DM arrive malgré cela a ouvrir de nouvelles pistes n’en est que plus surprenant.
Distribué par Sony.
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