De la place au possible
« La magie de Bruxelles, c’est que c’est une ville très imparfaite d’une certaine façon, qui laisse de la place au possible. Ça fait son charme. » Bruxelles, Marc Buchy connaît bien. Il y réside depuis plus de dix ans et en fréquente les scènes artistiques aussi bien francophone que flamande et internationale anglophone. Identifié aujourd’hui comme un artiste de la Fédération Wallonie-Bruxelles, il a exposé aussi bien à Kanal qu’à la Maison Grégoire, à la Fondation Moonens ou encore à Été 78. Mais ce Français originaire de Metz est d’abord arrivé en Belgique à Tournai, à 18 ans, pour suivre un bachelier en photographie et en vidéo à l’ESA Saint-Luc. « J’ai opté pour la Belgique un peu par hasard, un peu par naïveté, par envie d’aller loin, dit-il. Comme Tournai est vraiment très proche de Lille, on était beaucoup d’étudiants français dans l’école. Mais moi qui venais de l’est de la France, j’étais le seul de ma section à « koter » à Tournai, tous les autres rentraient en France à la fin de la journée. Ça m’a permis de rencontrer la culture belge plus directement. »
En 2010, Marc Buchy arrive à Bruxelles pour suivre un master, non pas à La Cambre ou à l’Erg, deux écoles d’art très courues par les étudiants venant de l’Hexagone, mais dans un établissement flamand, la LUCA School of Arts. « Là j’étais le seul Français, mais il n’y avait également qu’un seul Belge. Les autres étaient russe, chinois, espagnol, iranien… dans des cours donnés en anglais. Pour moi, c’était très proche de l’esprit bruxellois, puisque Bruxelles est une ville très internationale. Paris aussi est internationale, mais d’une autre façon: je n’ai pas l’impression que les gens s’installent vraiment pour vivre à Paris alors qu’à Bruxelles les gens restent et ont une vraie vie sur place. Moi, je me sens bien dans cette ville. »
Une des raisons qui a permis à Marc Buchy de s’ancrer dans la capitale belge a été la gestion d’un lieu d’expositions et d’ateliers, Greylight Projects, lancé en 2013 près du Botanique avec Wouter Huis et Stéfan Piat. « Au même moment, il y a eu pas mal d’espaces qui se sont ouverts et qui ont marqué les esprits pour les gens de ma génération, comme De La Charge ou Rectangle. Souvent des projets éphémères, qui durent quelques années, mais ça n’est pas retombé: de nouveaux lieux continuent d’ouvrir très régulièrement. C’est un phénomène très bruxellois, je pense. » Un phénomène rendu possible par les loyers relativement abordables comparés à des capitales proches comme Paris ou Londres. Même si la situation tend à changer: « Ce n’est plus l’Eldorado que ça a été, encore moins depuis le Covid. Même si Bruxelles reste moins chère que Paris -parmi mes amis plasticiens, je ne connais quasiment plus personne qui habite à Paris intra-muros-, les lieux commencent à s’excentrer. Level Five, par exemple, qui était en plein centre, a déménagé à Ganshoren. »
L’actu de Marc Buchy, elle, se déroule pour l’instant à Liège: l’exposition Entretenir vaut mieux (visible jusqu’au 8 mai), en duo avec l’artiste franco-russe Katya Ev et curatée par Dorothée Duvivier. Le show prend place à la New Space, un nouveau lieu ouvert par Alain De Clerck, installé dans un garage de 500 mètres carrés laissé dans son jus. Car dans la Cité ardente aussi, ça bouge plutôt bien. Encore une raison de passer la frontière.
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