Courage, fuyons!

La dark fantasy élégante et vacharde des Dark Souls s’étend pour la première fois dans un monde ouvert avec Elden Ring. Un futur classique.

L’immersion gaming n’est pas qu’une question d’éclat graphique, selon le développeur FromSoftware. Ne pas couver le joueur et le laisser se débrouiller le forceraient à  » réellement se glisser dans la peau de son avatar« , selon Takeshi Miyazoe, producteur éditorial des Dark Souls. Fascinant depuis onze ans (et trois volets principaux) des gamers avides de difficulté, ces action RPG sans concession franchissent aujourd’hui un cap avec Elden Ring. Leur dark fantasy crépusculaire s’ouvre ainsi à un open world dantesque. George R. R. Martin, le papa de Game of Thrones, a participé à l’écriture de ce jeu mettant en scène des demi-dieux qui se déchirent pour contrôler l’Entre-terre. Ce pitch plutôt rudimentaire s’efface derrière son fascinant univers. Son heroic fantasy y tutoie un bestiaire horrifique peuplé de chimères démembrées et désarticulées (coucou The Grudge), de dragons et de crabes gigantesques. Étendre l’élégance propre à la série culte dans un monde ouvert décuple son magnétisme.

Inutile de chercher le moindre point d’intérêt déclenchant une mission (façon GTA ou Far Cry) sur la vaste carte d’ Elden Ring. À pied ou à cheval, l’observation attentive des paysages savamment composés est érigée en règle absolue. Une île brumeuse où claudiquent des morts-vivants autour d’un feu, des fortifications en ruine couchées dans l’herbe, un aqueduc colossal: à la manière d’un Ico ou d’un Breath of the Wild, chaque pas dans Elden Ring suscite la curiosité et, à la clé, offre de nombreux mystères à éclaircir.

La mort lui va si bien

Cette absence volontaire de guidage (une vague flèche indique la route à suivre) se solde par des rencontres souvent mortelles pour le gamer. Face à un adversaire trop coriace, on rebrousse régulièrement chemin. Mais c’est pour mieux fouiller la carte et dénicher des grottes à flanc de falaise et autres nécropoles insoupçonnées gorgées d’items permettant d’améliorer son personnage. Mais là encore, gare au game over, qui dépouille l’avatar de ses précieuses runes. Pour récupérer ses biens, retourner sur le lieu exact de sa précédente mort est obligatoire. Une tâche parfois délicate.

Un coup sauté et des invocations d’esprits enrichissent la palette offensive d’ Elden Ring. Mais anticiper les attaques des adversaires pour trouver leur fenêtre de vulnérabilité n’est pas une mince affaire. Offrant également des combats à cheval, le jeu de FromSoftware permet heureusement d’attaquer des camps adverses en douce au fil d’éliminations discrètes. Ce léger avantage se complète enfin, pour l’assister, d’un gameplay en ligne asynchrone, dans la veine du Death Stranding de Kojima. Encouragements, sarcasmes sur les clichés des RPG, conseils précieux… Chaque joueur peut laisser, à même le décor, un message via un tag in game soumis au vote des participants.  » Sautez ici et vous aurez un trésor« , affiche l’un d’entre eux face à un ravin. Ou comment le caractère impitoyable de FromSoftware déteint sur certains gamers.