Ceci n’est pas un fait divers

© National

Papa vient de tuer maman.” La phrase claque dans l’oreille du narrateur à travers le téléphone. Elle émane de sa jeune sœur de 13 ans, spectatrice malgré elle d’un drame que l’on appelle féminicide. Accourant dans la bourgade bordelaise où les faits sont survenus, il va devoir avec sa cadette affronter le tunnel du deuil, résultat d’une violence familiale devant laquelle beaucoup d’yeux se sont baissés. Leur paternel en cavale, les deux jeunes doivent réimaginer leur vie à l’aune du crime commis, répondre à l’indélicatesse des forces de l’ordre, décider de garder le contact ou non avec un criminel si intime. Philippe Besson (Arrête avec tes mensonges) propose la relation de ce qui n’est pas qu’un fait divers inspiré d’événements réels, mais aussi un drame sociétal. Sa narration pudique et sensible donne juste ce qu’il faut de factuel pour ne pas virer dans le documentaire froid. La voix à la première personne d’un fils de 19 ans revient sur l’existence d’une femme discrète et s’attarde sur l’impact durable d’un tel choc sur toute une famille. “Je crois que j’écris aussi pour tenter de reconstruire nos existences détruites. Nous en avons bien le droit.” Un droit qu’une femme n’aura pas eu. Écrire pour ne pas taire en somme.

De Philippe Besson, éditions Julliard, 208 pages.

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