Des séries comme Commando Torquemada ou Le Janitor relancent le genre religieux en BD… Mais pas vraiment dans la même direction
Dan Brown et son Da Vinci Code sont probablement pour beaucoup dans le retour de l’Eglise catholique en bande dessinée. Depuis la parution du célèbre best-seller ésotérique, les apparitions du pape se sont, en effet, multipliées sur les planches des dessinateurs. Loin du miracle, la chose tient avant tout aux mystères qui entourent encore le Vatican: la nébuleuse papale reste une belle source d’inspiration pour les scénaristes en mal de copie.
D’une facture classique et sur un scénario convenu de Yves Sente, la série Le Janitor (Dargaud) nous balade dans les coulisses de la cité vaticane, qui utilise des séminaristes d’élite – les fameux Janitors – pour assurer les sales petits boulots inhérents à la pratique du pouvoir. Dans le premier album, L’Ange de Malte, le frère Vince est chargé de récupérer une relique sur l’île des Templiers. Pour ce faire, les sbires de la curie romaine n’hésitent pas à jouer des épaules pour mener à bien leurs missions terrestres. Plus abouti, l’album Week-end à Davos surfe sur l’opacité qui entoure les moyens financiers de l’Eglise catholique, pour proposer un thriller où se mêlent haute finance et enjeux géopolitiques. Servie par l’excellent dessin de François Boucq, la série pèche malheureusement trop par les nombreux poncifs liés au genre espionnage pour prétendre au paradis des bulles.
GAUDRIOLE ET GOUPILLON
Nettement plus fun et jouissive, la série Commando Torquemada (Fluide Glacial), qui compte déjà deux titres, propose une vision déjantée des arcanes du Vatican. Pour remettre la main sur la lance de Longinus – du nom de ce centurion romain qui perça le flanc de Jésus pour s’assurer de sa mort – sa sainteté JPII réactive les forcenés du Commando Torquemada. A savoir: le frère Malachie, maître dans l’art de l’empoisonnement, Feargal Mc Gowan, un dandy british spécialiste des calembours et d’explosifs et de la très sexy S£ur Sarah Terwagne. Ensemble, ils mettent leurs talents au service de l’ambition papale du Cardinal Albuferque qui dirige la Sainte Inquisition. De Bruxelles à Rome, en passant par un petit bled de l’Afrique, les trois cintrés n’hésiteront pas à jouer de la sulfateuse pour dénicher la lance sacrée qui, aux dires des augures ecclésiastiques, cherche un nouveau maître pour un pouvoir absolu de mille ans. Quand Xavier Lemmens et Philippe Nihoul se lâchent, ça fait grincer les zygomatiques. Irrévérencieuses et apocryphes, ces planches sont vivement déconseillées aux esprits chagrins et aux calotins susceptibles.
VINCENT GENOT
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