SAUL GOODMAN, L’AVOCAT VÉREUX ET RIGOLO DE BREAKING BAD, A DROIT À UNE SÉRIE BIEN À LUI. DE QUOI PROLONGER UN PEU LE PLAISIR, LOIN DE WALTER WHITE ET D’HEISENBERG.
Better Call Saul
SÉRIE AMC CRÉÉE PAR VINCE GILLIGAN ET PETER GOULD. AVEC BOB ODENKIRK, JONATHAN BANKS, RHEA SEEHORN. DIST: SONY.
7
Roublard. C’est probablement le terme qui s’applique le mieux à Saul Goodman, l’avocat de Walter White. Tous écrits au cordeau, les personnages secondaires de Breaking Bad, assurément l’une des séries les plus abouties de ce début de siècle, auraient pu chacun prétendre à un spin-off. Mais Saul Goodman, composé par un Bob Odenkirk assez magique, a toute la légitimité du monde pour repartir à l’assaut des téléspectateurs d’AMC. Une chaîne qui avait eu le flair d’ouvrir ses antennes à Vince Gilligan et à son histoire de professeur de chimie condamné par un cancer, puis transformé en impitoyable baron de la drogue. Breaking Bad, si elle était traversée par un second degré irrésistible, s’assombrissait à mesure que Walter tombait dans le crime. Better Call Saul, titre qui fait référence au slogan publicitaire développé par Goodman, part sur des bases plus légères. Et s’attache, dans un premier temps, à la genèse du personnage. Ou comment un escroc à la petite semaine, James McGill, va devenir l’avocat véreux que l’on sait. C’est cette transformation-là, encore une, qu’explore une première saison joliment troussée par Vince Gilligan et son acolyte Peter Gould, dans un esprit plus directement tourné vers l’humour. La prestation de Bob Odenkirk, à cet égard, vaut largement ses différentes nominations aux plus grandes récompenses. Parce que ce vétéran de la comédie américaine (que l’on retrouve en flic pataud dans la saison 1 de Fargo) parvient à rendre toutes les subtilités d’un personnage qui, jamais, ne tombe dans le ridicule. Pathétique un peu, paumé souvent, mais jamais ridicule, toujours en équilibre sur le fil de l’honnêteté. Touchant, en somme.
Au commencement (de cette première saison, pas de l’histoire), il y a donc James McGill, avocat sans envergure qui doit à son bagou les quelques victoires insignifiantes qu’il glane dans des procès sans importance. Dans l’ombre de son grand frère, grand nom de la profession qui vit désormais reclus chez lui pour combattre une maladie psychosomatique, il tente de se faire un nom. Ou en tout cas de survivre. Régulièrement, en arrivant au tribunal, McGill s’oppose au garde de la barrière, qui n’est autre que… Mike Ehrmantraut (impassible Jonathan Banks, toujours aussi génial), l’homme de main de Breaking Bad que l’on est absolument ravi de retrouver ici. D’autres personnages de la série originelle devraient apparaître en cours de route, sous forme de caméos. A commencer par Walter White…
On ne tient clairement pas ici le chef-d’oeuvre de la série mère: les dix épisodes de Better Call Saul se révèlent un peu plus chaotiques dans la construction et moins passionnants dans les enjeux. Mais une filiation très nette existe entre les deux projets. La mise en scène inventive, l’humour et l’interprétation impeccable forment une matrice dont les amateurs de Breaking Bad devraient se délecter.
GUY VERSTRAETEN
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