Amour cru
Deux amies envisagent leur vie amoureuse totalement différemment. Si Mélina enchaîne les plans cul, jetant ses amants après les avoir consommés, Charlie, elle, attend le prince charmant pour construire une relation durable. Et justement, elle le rencontre en la personne d’Alan, galeriste froid comme un glaçon avec lequel Mélina, par contre, n’a aucun atome crochu. Elle n’hésite pas à en faitre part à son amie. Le trio se retrouve tout de même pour un week-end en Normandie, dans le manoir d’Alan. Une nuit, Mélina surprend les deux amants dans une joute amoureuse pour le moins perturbante. Sous des dehors « gaudriole pornographique », les auteurs posent la question du consentement mutuel. Jusqu’où sommes-nous prêts à aller dans l’amour physique? Que peuvent faire légalement deux amants consentants? À partir de quand la société nous juge ou non sains d’esprit dans nos ébats? Si ces questions se posent à la lecture de cette histoire, les auteurs se gardent bien d’y répondre. Au contraire, ils imaginent l’impensable. Séparés par des contraintes légales, les deux amants continuent pourtant de s’aimer et dépérissent du manque de l’autre. Cela perturbe grandement Mélina qui, après la stupéfaction, tentera de raisonner son amie et de comprendre, voire accepter, ce dont elle a été témoin. C’est là que le récit devient très intéressant. Mardon adore dessiner des femmes et des hommes généreux et/ou bien bâtis en action. Les scènes de sexe sont crues et on y perd sans doute la sensualité des débuts du dessinateur. Mais c’est un passage obligé pour éclairer le propos qui nous occupe ici. Céline Tran, directrice de la collection Porn’pop au sein des éditions Glénat, réussit le pari d’allier érotisme et réflexion sur ce genre.
D’El Diablo, Gyl-N et Grégory Mardon, éditions Glénat, 120 pages.
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