Abondance

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Ancien taulard né sous une mauvaise étoile, Henry se retrouve sur le bord de la route. Au sens littéral. Il vit à bord d’un pick-up qui a connu des jours meilleurs et squatte les parkings de centres commerciaux. Chaque jour, il doit se démener pour trouver à manger. Pour lui mais surtout pour son fils de 8 ans, Junior, qui partage sa vie de galère et les repas ketchup-biscuits. Bienvenue dans l’Amérique des laissés-pour-compte pour qui un McDo et une nuit dans un motel miteux sont des luxes qu’on ne s’accorde que toutes les lunes. Ou comme ce soir-là, parce que c’est l’anniversaire de ce gamin triste à qui il rêve d’offrir une vie digne et normale. Et tant pis si c’est au-dessus de ses maigres moyens, dont chaque chapitre scande impitoyablement le décompte. Une tentative d’égayer l’ordinaire qui n’effacera toutefois ni la honte qu’on éprouve quand on a les poches vides ni la morosité de cet enfant victime des mauvais choix de ses parents. Ceux de son père comme ceux de sa mère, incurable junkie. Alternant le récit tragi-comique des combines du paternel pour tromper la misère et les flash-back de sa jeunesse cabossée, ce road movie naturaliste et émouvant donne chair au déterminisme de la lose, illustrant l’impossibilité d’échapper à une forme de malédiction. Comme si l’Amérique, trahissant sa profession de foi, refusait à ce repenti une seconde chance, les condamnant tous les deux à errer aux marges de la civilisation et à rêver tout au plus de décrocher une place dans un parc de mobil-homes. Être pauvre coûte cher…

De Jakob Guanzon, éditions La Croisée, traduit de l’anglais (États-Unis) par Charles Bonnot, 336 pages.

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