Loin du rap, Morgan s’émancipe en solo
Après la fin du 77, le trio rap qu’il formait avec Peet et Félé Flingue, Morgan sort Sérénades, premier album solo carburant à la chanson mélancolique.
Sur le morceau qui ouvre son premier album, Sérénades, Morgan précise d’emblée: “J’aime pas quand on me dit que je fais du rap”. La méprise est en effet encore courante. Auprès du public ou même “de certains programmateurs de festival, qui me glissent au milieu d’une affiche 100% hip-hop”.
Le malentendu s’explique facilement. Morgan van der Ghinst, de son nom complet, s’est en effet d’abord fait connaître au sein du 77. Au cœur de l’effeverscence rap bruxelloise des années 2010, le trio de coloc’ figurait une sorte de croisement déconneur entre les Beastie Boys et les Snuls. Planqué derrière ses machines, Morgan n’y rappait pas vraiment -“J’ai essayé à un moment, pour rigoler. C’était une catastrophe.” Le micro est laissé aux soins de Félé Flingue (ex-Or du Commun) et Peet, rappeurs-“bawlers” au cool rigolard.
Le 77 va sortir au moins trois “projets”, avant de s’évaporer, ses trois membres restant proches. Morgan, par exemple, accompagne toujours Peet sur scène, pour ce qui est devenu l’un des shows rap les plus irrésistibles du circuit. En parallèle, il a également commencé à semer patiemment les graines d’un parcours solo. “Jamais je n’avais imaginé me lancer tout seul. Mais au moment où Le 77 s’est terminé, j’ai vécu une rupture amoureuse. C’est à ce moment-là que je me suis mis à écrire mes premières chansons.”
Les sérénades mélancoliques de Morgan
Disséquant les relations humaines, elles tranchent avec ses agitations rap précédentes. Que ce soit avec Le 77. Ou même son premier groupe Alma One, déjà avec Peet, du côté de Stockel, alors que Morgan étudie la danse classique à l’Académie des Beaux-Arts. “Le rap, je continue à en écouter énormément, de SCH à Zamdane.” Mais dans la playlist Spotify de celui qui assume son hyperactivité, sans en faire un combat (“rien à foutre!”), on trouve aussi les Bee Gees, Mac DeMarco, Nino Ferrer et “énormément de jazz”. Vocal surtout, des grands élans romantiques de Frank Sinatra à la bossa de João Gilberto.
Un velouté que l’on retrouve sur son album, avec des morceaux comme Refuge -la trompette de Béesau- ou Suivant -lorgnant la quiet storm de la soul des années 80. Ce n’est pas la seule couleur que Morgan a donnée à son premier album. À l’exception d’un titre comme Abdo, les chansons de Sérénades baignent cependant majoritairement dans la mélancolie, voire le blues. “Je suis quelqu’un de très solaire, plutôt heureux même dans la vie. Mais si je me connecte à la réalité, que je regarde ce qui se passe dans le monde, c’est difficile de ne pas être parfois un peu sonné.” Qui dira le contraire?
Morgan, Sérénades, distr. Universal. En concert le 21/03, à l’OM, Liège (en première partie de Zaho de Sagazan), le 29/03 à l’AB, Bruxelles (première partie de Roméo Elvis), le 28/04 aux Nuits Bota, etc.
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